XXVII.
Texte de la lettre : « La paix et l'unité dont ils se flattent ne sont qu'une paix belliqueuse et une unité cruelle. Qu'ils entendent cette parole du Seigneur : Je vous donne ma paix, je vous laissé ma paix ; je ne vous la donne pas comme le monde la donne1. La paix du siècle, c'est celle qui se contracte après la guerre entre des nations toujours armées pour le combat; tandis que la paix de Jésus-Christ jouit d'une douce et salutaire tranquillité; elle invite les hommes de bonne volonté, et ne les force pas malgré eux ». Réponse : Cette paix belliqueuse, cette unité cruelle dont vous parlez, n'est-ce pas là ce que vous voulez réaliser par ces morts violentes auxquelles vous nous soumettez , et par ces morts volontaires que vous vous imposez? Pourquoi donc ne pas vous imputer les maux que vous nous faites, et nous imputer à nous ceux que vous vous faites à vous-mêmes? Quant à nous, nous sommes contraints de supporter ce que vous nous faites; et ce que vous vous faites à vous-mêmes, nous ne pouvons qu'en gémir ; tout ce que nous désirons, c'est que, pour leur propre salut, le plus grand nombre possible revienne à la paix et à l'unité de Jésus-Christ, quoique la fureur d'un petit nombre empêche ces précieux avantages de se répandre sur la multitude tout entière. Jetez autour de vous un regard exempt de jalousie et de haine, et vous verrez quelle joie la paix et l'unité de Jésus-Christ procurent à ceux d'entre vous qui sont rentrés dans nos rangs, à ces multitudes de peuples dont quelques membres seulement éprouvent d'abord un peu de trouble, sous l'impression de la nouveauté, mais se guérissent peu à peu de cette faiblesse en elle-même si naturelle. Peut-être s'en trouve-t-il, dans le nombre, dont la conversion est plutôt simulée que réelle; mais pour quelques-uns qui abusent, devions-nous rejeter tous ceux dont le retour nous parait sincère, quand surtout vos régions comme les nôtres ont été témoins de ces exemples héroïques donnés par des hommes qui ont refusé de retourner dans vos rangs, malgré l'entière liberté qui vous était accordée de propager votre doctrine de perdition? Pour ne pas nous exposer à perdre les bons, nous devions donc recueillir aussi ceux dont la conversion était simulée, car nous voyons dans l'Evangile, que les serviteurs du père de fa. mille ont introduit au festin des noces des convives bons et mauvais. Surtout, nous ne devions pas oublier que l'esprit d'orgueil, comme un vent défavorable, vous avait chassés de l'aire du Seigneur avant le temps de la ventilation ; c'était donc pour nous un véritable devoir de déployer tous nos efforts pour vous y faire rentrer, avec le secours du Seigneur. Or, vous savez que quand on repousse le froment dans l'aire, le balai y entraîne souvent des grains de poussière qui se mêlent au bon grain.
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Ibid. XXIV, 27. ↩