XXXVII.
Mais Razias est loué dans les saintes Ecritures. Pourquoi est-il loué? Parce qu'il aima sa cité. Il put aimer charnellement cette cité de la Jérusalem terrestre, qui est esclave ainsi que ses enfants; mais il n'aima point cette cité céleste, laquelle est libre et notre mère à tous. Il fut loué, parce qu'il conserva la continence dans le Judaïsme; or, l'Apôtre nous déclare que ces vertus judaïques n'étaient rien en comparaison de la justice chrétienne1. Il fut loué, parce qu'il était appelé le père des Juifs ; mais que devient cette gloire en face de cette impuissance où il se trouve de supporter ses humiliations, et qui le porte à préférer la mort plutôt que de tomber au pouvoir de ses ennemis? Il est dit qu'il choisit un noble trépas; il eût mieux valu une mort plus humble, qui du moins lui eût été utile. Tous ces titres d'éloge sont ordinairement décernés. par les histoires païennes , pour louer, non pas les martyrs de Jésus-Christ, mais les grands hommes du siècle. Il est dit que du haut de la muraille il se précipita courageusement sur la foule; je ne dis pas non plus que ce fut là l'inspiration d'un désespoir féminin. Il est vrai que vous éprouvez pour ce fait une telle admiration, que vous apprenez à vos femmes à l'imiter; du moins, je dis que, quand elles vous obéissent, elles agissent en hommes et non point en femmes; ce qui n'empêche pas que leur prétendu héroïsme reste pour elles sans aucune utilité, parce qu'elles ne font preuve d'aucune fidélité à la loi. Il est dit enfin que Razias invoqua le Dominateur de la vie et de l'esprit, le priant de lui rendre et la vie et l'esprit; mais dans cette demande il n'y a rien qui ne soit commun aux bons et aux méchants. En effet, Dieu rendra la vie et l'esprit aux méchants eux-mêmes , non pas pour ressusciter à la vie éternelle, mais pour ressusciter à l'éternelle damnation. Ainsi donc Razias fut loué à cause de son attachement à la cité, à cause de sa bonne renommée, parce qu'il était appelé le père des Juifs, et parce qu'il avait conservé la continence dans le Judaïsme. Quant à sa mort, la sainte Ecriture nous la présente comme devant être plutôt admirée qu'imitée. Or, selon l'avertissement de l'Apôtre, nous devons faire l'épreuve de tout, conserver ce qui est bien et nous abstenir de toute apparence du mal2.