XLII.
Texte de la lettre: « Comme votre prudence se refusait au triste rôle d'exécuteur, prêtez un instant l'oreille à mes paroles. Autre est la vérité réelle, autre l'apparente seule de la vérité. La vérité se soutient appuyée sur sa propre force; l'idole ou le simulacre n'est qu'une invention plus ou moins vraisemblable, opposée comme une injure à la vérité par la présomption humaine; jamais cependant le mensonge ne pourra préjuger la vérité. J'appelle adorateurs des idoles, ceux qui ne possèdent pas la vérité; en d'autres termes, je regarde comme païen, celui qui se crée à lui-même l'objet de son culte et de ses adorations. Voilà pourquoi il est de notoriété publique, que c'est à force de menaces, de terreurs et de persécutions, que Gabinus et d'autres encore, ont été contraints de renoncer à la liberté de la nature, et de se créer des idoles auxquelles ils devaient désormais rendre un culte sacrilège et perfide ». Réponse : A votre fureur , vous ajoutez le langage du blasphème, et vous osez dire que l'Eglise catholique n'est qu'une pure invention humaine, quand c'est à elle que Dieu a dit: « Car je suis le Seigneur qui vous ai établie; le Seigneur est son nom ». De même, afin que nous sachions que cette Eglise catholique est répandue sur toute la terre, le Prophète ajoute : « C'est lui aussi qui vous délivre, il sera appelé le Dieu d'Israël, de toute la terre1 ». Cette institution qui est évidemment l'oeuvre de Dieu, vous n'y voyez qu'une institution humaine; vous ne voyez donc pas que vous ne vous seriez jamais séparés de cette Eglise à laquelle Dieu a promis pour empire la terre tout entière, si vous n'aviez préféré vous faire les disciples d'un maître, qui n'est absolument qu'un homme. Pour nous, nous sommes les disciples de Celui qui a dit à Abraham « Toutes les nations seront bénies dans votre race2 ». Nous sommes les disciples de Celui qui a dit à son Eglise, comme je l'ai déjà rapporté: « Je suis le Seigneur qui vous ai établie ; il s'appelle le Seigneur, et celui qui vous délivre, sera appelé le Dieu d'Israël, de toute la terre ». Quand donc nous restons unis à cette Eglise qui embrasse toutes les nations et toute la terre, ce n'est pas sur une institution purement humaine que nous nous appuyons, mais sur la promesse et l'institution divines. Et vous, que suivez-vous donc? comment pouvez-vous rompre toute union avec cette divine promesse et cette institution divine, pour vous attacher à la secte de Donat ? Est-ce un homme ou bien Dieu, qui vous a dit que le péché de Cécilianus avait suffi pour priver la terre des promesses divines qui n'avaient pu se perpétuer que dans la secte de Donat ? Si c'est Dieu qui vous a fait cette révélation, lisez-nous-la dans la loi, dans les Prophètes, dans les Psaumes, dans l'Evangile et dans les Lettres apostoliques. Pouvez-vous nous procurer la lecture que vous n'avez pu nous donner dans notre conférence ? Si ce sont les hommes qui vous L'ont appris, ces hommes dont il est dit : « Ils se sont affermis dans leur mauvais langage3 », votre secte n'est donc plus qu'une institution humaine; voilà ce que vous suivez, voilà ce que vous honorez , voilà pourquoi vous vous révoltez, avec une fureur qui n'a d'égale que votre folie.