XLVIII.
Or , dans ce concile, vous avez décrété que « ceux qui ont communiqué avec nous par force, évêques ou prêtres, pourvu qu'ils n'aient pas offert le sacrifice ou qu'ils n'aient pas annoncé la parole de Dieu dans l'assemblée du peuple, seront jugés dignes de pardon et réintégrés dans tous les honneurs de leur rang». C'est ainsi que, parce décret, vous annulez radicalement toute la puissance de vos calomnies. En effet, comment osez-vous soutenir que ceux qui jusque-là n'étaient pas traditeurs, le sont devenus par le fait seul de leur communion avec nous, et qu'ils nous ont ainsi communiqué la souillure qu'ils avaient eux-mêmes contractée en livrant les livres ecclésiastiques par crainte des mauvais traitements dont les menaçaient des puissances impies? Pourquoi donc absolvez-vous aujourd'hui ceux que vous savez avoir communiqué avec nous, pourvu que vous sachiez que c'est malgré eux, pourvu aussi qu'ils n'aient point offert le sacrifice et qu'ils n'aient adressé au peuple aucun discours ? Est-ce que ceux qui, sous le coup de la terreur qu'inspiraient ces supplices, les plus horribles que vous ayez éprouvés, ont les premiers livré les manuscrits sacrés, ne les ont pas livrés malgré eux ? ou bien est-ce eux seuls qui ont offert le sacrifice, ou prêché devant le peuple? Si donc vous pouvez pardonner à ceux que vous accusez injustement de trahison pour avoir communiqué avec nous, pourvu qu'ils aient agi sous l'impulsion de la violence ; concluez que vos ancêtres pouvaient parfaitement pardonner à ceux qui n'étaient devenus apostats que par crainte de tortures mille fois plus cruelles encore. D'un autre côté, s'ils ont condamné des accusés pendant leur absence et sans les entendre, c'est qu'ils y ont été contraints par la faction des ennemis de Cécilianus, et ils ont ainsi réalisé cette parole de l'Apôtre : « En jugeant votre frère, vous vous condamnez vous-même, car vous faites ce que vous condamnez1».
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Rom. II, 1. ↩