VIII.
Vainement donc il vous semble que « dans cette question il faut suivre les conciles d'Agrippiuus et de Cyprien ». N'êtes-vous pas les premiers à n'en tenir aucun compte, puisque sans leur réitérer aucunement le baptême vous accueillez dans vos rangs ceux mêmes qui ont été baptisés en dehors de votre communion par des hommes que vous aviez condamnés et que vous vouliez chasser de leurs sièges et de leurs basiliques? Quant à cette opinion de saint Cyprien ou de ses collègues, de réitérer le baptême à ceux qui quittaient l'hérésie, il serait trop long de la discuter. le ne vous adresserai donc, sur ce point, qu'une seule question, à laquelle je vous prie de répondre. Quand saint Cyprien, évêque de Carthage, réitérait le baptême à ceux qui quittaient l'hérésie, l'évêque de Rome; saint Etienne, recevait les hérétiques sous la foi du baptême qu'ils avaient reçu hors de l'Église catholique ; et cependant, malgré cette différence de conduite, tous deux persévéraient dans l'unité catholique. Eh bien ! quand saint Etienne et ses innombrables collègues du monde tout entier recevaient, sans leur réitérer le baptême, ces hérétiques couverts de tous les crimes, dites-moi, l'Eglise avait-elle péri sous les coups de la contagion des pécheurs, ou s'était-elle conservée dans toute sa pureté? Cette fois, du moins, vous ne direz pas qu'il s'agit de pécheurs occultes, quoique vous assuriez que même les pécheurs occultes suffisent pour jeter la contagion et donner la mort. Les homicides, les parricides, les adultères, les incestueux, les idolâtres, les traîtres, qui avaient librement livré les manuscrits sacrés, les bourreaux qui avaient eu recours aux plus affreux tourments pour se les faire livrer, ceux qui avaient allumé les bûchers, tous ceux enfin qui avaient reçu le baptême des mains des hérétiques, s'adressèrent à Etienne et à ses collègues et, si nous vous en croyons, furent accueillis sans baptême. Si donc votre doctrine du baptême est la doctrine véritable, on doit conclure qu'à cette époque tous les crimes furent reçus dans l'Eglise, sans être purifiés par le baptême. Or, je demande si Cyprien, toujours fidèle à l'unité, a été souillé par tous ces crimes; je demande si l'Eglise avait péri, oui ou non. Répondez et prenez quel parti vous voudrez. Si l'Eglise avait péri, quelle Eglise a donc enfanté Donat? Au contraire, si elle n'a pu périr malgré la multiplicité des crimes recueillis dans son sein sans la réitération du baptême , dites-moi quelle démence a poussé Donat à se séparer de cette Eglise, sous prétexte d'éviter toute communication avec les pécheurs ?