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Works Augustine of Hippo (354-430) Contra Gaudentium l. ii Réfutation de la doctrine de Gaudentius
LIVRE SECOND. Réfutation de la réponse faite par Gaudentius au livre précédent.

XII.

Toutefois un seul mot du tribun, assez bien interprété, vous a fourni le moyen de résoudre entièrement toute la question débattue entre nous. Je vous avais objecté « que dans la lettre du tribun on ne lisait aucunement que vous invoquiez le nom de Dieu en toute vérité » ; et en effet, je n'y avais pas lu ces paroles. Vous m'avez répondu: « Vous êtes dans l'erreur, ou plutôt vous voulez tromper. En effet, voici les propres paroles du tribun : Qu'il ne soit pas dit que la maison de Dieu où vous avez si souvent invoqué le nom de Dieu et celui de Jésus-Christ, et qui a été établie par votre religion, ait été par vous livrée aux flammes. Or, n'est-il pas évident que ce mot religion, employé par le tribun, est pour lui synonyme de vérité, puisque le mensonge en cette matière s'appelle superstition ? » Quand donc ai-je fait cette observation ? quand me suis-je permis ce raisonnement ? quand ai-je entrepris de prouver ainsi une chose par une autre ? Je l'avoue, cette subtilité dépasse la faible portée de mon intelligence ; aussi je vous prie de croire que j'ai pu être trompé, mais qu'assurément je n'ai pas voulu tromper. Pourquoi s'étonner que le tribun, en sa qualité de soldat, se soit mépris sur la valeur des mots, et se soit servi du mot religion en s'adressant à un homme qu'il sait et qu'il croit être hérétique ? L'hérésie , en effet, n'est pas une religion, mais une superstition, car la religion, à proprement parler, ne peut jamais désigner le mensonge, mais uniquement la vérité. Ainsi, aux termes mêmes de votre interprétation , le culte véritable rendu à la Divinité s'appelle religion; et le culte faux s'appelle superstition. Soyez donc conséquent avec vous-même et vous n'hésiterez plus à nous suivre. En tête de la première lettre que vous adressiez à ce même tribun, vous disiez : « Au très-illustre, et si vous y consentez, au très-désirable tribun et notaire Dulcitius, Gaudentius, évêque »; vous ajoutez aussitôt : « J'ai reçu la lettre de votre religion ». Comment donc hésitez-vous encore à passer dans nos rangs ? Dulcitius, vous n'en doutez pas, appartient à notre communion, et cependant vous le proclamez, non pas superstitieux, mais religieux; d'où il suit, selon vos principes, qu'il possède à l'égard de Dieu, non pas un culte faux, mais le culte véritable. Il appartient donc, plutôt que vous, à l'Eglise catholique , quoique vous ayez encore conservé des notions assez saines pour comprendre qu'il y a entre la religion et la superstition une distance aussi grande que celle qui sépare la vérité du mensonge. Or, comme je l'ai dit, on doit facilement admettre qu'un militaire se soit mépris sur la valeur des termes, et qu'il ait ignoré le sens propre du mot religion. Je ne supposerai jamais qu'il ait voulu tromper en vous flattant. Pour vous, qui jetez à la face de vos adversaires ces paroles du Prophète : « Malheur à ceux qui appellent amer ce qui est doux, et doux ce qui est amer ; qui disent lumière ce qui n'est que ténèbres, et ténèbres ce qui est la lumière véritable1 ! » si le culte pratiqué avec nous par Dulcitius n'est qu'une pure superstition, pourquoi l'appelez-vous religion ? Et si vous n'avez dit que la vérité, pourquoi rester dans une hérétique superstition et mépriser la religion catholique ? Suivez donc votre propre témoignage ; surtout que vos sectaires, quand ils connaîtront votre langage, refuseront probablement de communiquer avec vous, puisque dans vos paroles vous vous êtes mis en communion avec Dulcitius. Allons, Gaudentius mon frère, profitez de l'occasion favorable que le Seigneur vous a offerte par votre langage. Mais peut-être allez-vous vous irriter, parce que je vous donne le nom de frère ? En effet, je n'ai pas oublié que dans la conférence vous avez rejeté cette dénomination, sans vous douter que par là vous prouviez que c'est à nous que s'applique ce précepte du Seigneur : « Dites à ceux qui vous haïssent et vous persécutent . Vous êtes nos frères2 », tandis que vous vous rangez nécessairement au nombre de ceux dont le Seigneur parle quand il dit: « Ils vous haïssent et vous persécutent». Evidemment vous ne pouvez nier que vous ayez donné le nom de religion au culte que Dulcitius rend à Dieu. Aussi, vous conjure-t-il dans sa lettre de ne pas vous tuer et de rentrer dans la communion de cette Eglise à laquelle il appartient. Si donc il appartient à la religion, vous, vous appartenez nécessairement à la superstition. Je sais bien que vous vous êtes servis tous deux de la même expression ; cependant je suis assuré, que si l'un des deux s'est trompé, vous affirmerez que c'est le tribun et non pas l'évêque.


  1. Isaïe, V, 20.  ↩

  2. Ibid. LXVI, 5, selon les LXX. ↩

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Réfutation de la doctrine de Gaudentius

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