1.
Vous m'aviez demandé par écrit la solution de plusieurs questions, en réponse à certains adversaires, d'après lesquels Adam devait mourir, quand bien même il n'aurait point offensé Dieu, et son péché n'a point passé par propagation à sa postérité. Il s'agissait aussi et surtout de ce baptême des petits enfants, que l'Eglise universelle pratique par une coutume parfaitement pieuse et vraiment maternelle; il fallait examiner enfin si, dès cette vie, il existe, s'il a existé, ou s'il existera quelque enfant des hommes absolument exempt de tout péché.
Tels sont les points que j'ai traités en deux livres longs déjà ; et, sans me figurer que j'aie été au-devant de tous les troubles excités à ce sujet dans tous les coeurs; ignorant si ce but peut être atteint par moi ou par tout autre; trop certain même que ce succès est impossible, j'ose croire, toutefois, que j'ai fait quelque chose en faveur des défenseurs de la sainte doctrine : ils ne seront plus indéfiniment désarmés, je l'espère, pour soutenir en ces matières la foi traditionnelle de nos ancêtres contre les nouveautés de ceux qui pensent autrement.
Or, très-peu de jours après ce traité terminé, j'ai lu les ouvrages de Pelage, saint homme d'ailleurs, si j'en crois la renommée, et chrétien de vertu non médiocre. C'étaient certains écrits contenant de très-courtes explications sur les épîtres de l'apôtre saint Paul1; et voici que, arrivé à ce texte du grand Apôtre : « Par un seul homme le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort, qui a passé ainsi dans tous les hommes2 », j'ai trouvé dans le commentateur certains raisonnements à l'usage de ceux qui nient dans les petits enfants l'existence du péché originel. J'avoue n'avoir pas réfuté ces arguments en mes écrits pourtant si volumineux, parce qu'il ne m'était aucunement venu à l'esprit que jamais on pût avoir de telles pensées ni tenir un tel langage.
Ne voulant toutefois rien ajouter à ces précédents ouvrages que j'avais terminés déjà par des conclusions définitives, j'ai cru devoir insérer dans cette lettre l'argumentation spéciale de Pélage avec toutes ses expressions, même telles que je les ai lues, comme aussi avec les réponses qui me semblent devoir la renverser.