62.
Jésus continue immédiatement : « Dieu a tellement aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que celui qui croit en lui ne périsse point, mais qu'il ait la vie éternelle ». Ainsi la tendre enfance même devait périr, si par le sacrement de baptême, elle ne croyait au Fils unique de Dieu, qui ,heureusement est venu ainsi, non pour juger le, monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui. C'est un point sur lequel, il insiste en ajoutant les paroles suivantes. « Celui qui croit en lui n'est point jugé ; mais celui qui n'y croit pas, est déjà jugé, parce qu'il n'a pas cru au nom du Fils unique de Dieu ». Où plaçons-nous, en effet, les petits enfants une fois baptisés, sinon parmi les fidèles, comme l'Eglise nous le crie avec son autorité partout retentissante? Donc aussi les voilà parmi ceux qui ont cru: ce bonheur leur est acquis par la vertu du sacrement et par la caution de ceux qui les présentent. Mais aussi les enfants non baptisés se trouvent parmi ceux qui M'ont pas cru. De là encore, ceux qui ont reçu le baptême ne sont pas jugés; et les autres, qui en sont privés, subissent le jugement.
Jésus-Christ ajoute : « Et voici le sujet de ce jugement: c'est que la lumière est venue dans le monde, et que les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière ». « Cette lumière est venue dans le monde», qu'est-ce à dire dans la bouche du divin Maître ? Ne désigne-t-il pas évidemment ici son propre avènement dans le temps ? Et, si l'on suppose les petits enfants privés du sacrement que cet avènement nous a valu, comment peut-on dire que ces enfants soient dans la lumière ? Comment ne pas réserver au jugement aussi ces hommes qui dans leur amour pour les ténèbres, et incrédules déjà pour leur propre compte, ne pensent pas non plus devoir apporter au baptême leurs petits enfants, alors même qu'ils craignent pour eux une mort imminente ?
Le Seigneur affirme que « les oeuvres de celui qui vient à la lumière, sont faites en Dieu », parce qu'est effet l'homme ainsi illuminé comprend que sa justification n'appartient pas à ses mérites, mais à la grâce de Dieu. « Car c'est Dieu », dit l'Apôtre, « qui opère en vous le vouloir et le faire, selon son bon plaisir1 ». — Et voilà de quelle manière se fait la régénération spirituelle de tous ceux qui viennent à Jésus-Christ en sortant de la génération charnelle. C'est Jésus même qui nous l'a révélé ; c'est lui-même qui nous l'a développé, quand on lui demandait comment cela pouvait s'accomplir ; il n'a point laissé dans ce grave sujet libre carrière aux raisonnements humains ; gardons-nous donc de croire les petits enfants même étrangers à la grâce de la rémission des péchés. Pour passer du côté de Jésus il n'est point d'autre voie ; pour être réconcilié avec Dieu et venir jusqu'à lui, il n'est point d'autre médiateur possible que Jésus-Christ même.
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Philipp. II, 13. ↩