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Ce que l'Apôtre avait prédit devait s'accomplir : « Il faut qu'il y ait des hérésies, afin qu'on reconnaisse ceux d'entre vous qui ont une vertu éprouvée1 ». Pourquoi donc s'étonner si, après les anciennes hérésies on en vit soulever une nouvelle, non pas par des évêques, par des prêtres ou par des clercs, mais par certains moines qui, sous prétexte de prendre la défense du libre arbitre, attaquèrent la grâce divine qui nous est conférée par Jésus-Christ Notre-Seigneur, et tentèrent de détruire ce principe qui est le fondement de la foi chrétienne : « La mort est entrée par un seul homme, et c'est aussi par un seul homme que s'opérera la résurrection des morts; car de même que tous meurent dans Adam, de même tous seront vivifiés en Jésus-Christ2 ». Parlant de nos actions, Pélage niait ouvertement que le secours de Dieu leur fût nécessaire, quand il disait : « Pour éviter le péché et pour accomplir toute justice, nous n'avons besoin que de la nature humaine, qui a été créée avec le libre arbitre; telle est cette grâce de Dieu, avec laquelle nous sommes créés et avec laquelle notre volonté a plein pouvoir d'observer la loi et les commandements, et d'obtenir, à ceux qui se convertissent, l'oubli complet de leurs péchés passés ». Telle est la grâce de Dieu, et c'est la dénaturer que d'y voir un secours particulier pour chacune de nos actions. « Car l'homme, s'il le veut, peut facilement rester sans péché et observer les préceptes de Dieu ».