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Works Augustine of Hippo (354-430) De nuptiis et concupiscentia Du mariage et de la concupiscence
LIVRE DEUXIÈME. RÉFUTATION DE JULIEN.

46.

Voyons si plus loin l'Apôtre a changé de doctrine. Il ajoute immédiatement : « Car le péché a toujours été dans le monde jusqu'à la loi », c'est-à-dire que la loi n'a pu elle-même détruire le péché. « Néanmoins », dit-il, quand la loi n'existait pas, le péché n'était point imputé ». Il existait donc, mais il n'était point imputé, car ce qui l'aurait rendu imputable n'était point encore montré. Nous trouvons ailleurs la même pensée formulée en ces termes : « C'est par la loi que nous est venue la connaissance du péché1 ». « Ce pendant la mort a régné depuis Adam jus qu'à Moïse »; en d'autres termes, « jusqu'à la loi », comme il l'a dit précédemment. Il ne prétend pas que le péché n'ait point régné depuis Moïse, il affirme seulement que même la loi donnée par Moïse n'a pu détruire l’empire de la mort, laquelle ne règne pourtant que par le péché. Ce règne a pour effet de sévir contre l'homme déjà mortel et de le précipiter dans la mort seconde qui sera éternelle. « La mort a donc régné », et sur qui donc? Même sur ceux qui n'ont pas péché par une transgression semblable à celle « d'Adam qui est la figure du futur ». De qui est-il la figure, si ce n'est de Jésus-Christ? Et comment en est-il la figure, si ce n'est dans un sens tout opposé? Cette opposition se trouve ailleurs formulée dans ces quelques mots : « De même que tous meurent en Adam, tous seront également vivifiés en Jésus-Christ2 ». Se peut-il un contraste plus frappant entre l'un et l'autre ? Et c'est ce contraste qui en constitue la figure. Pourtant cette figure elle-même ne doit pas être prise dans son extrême rigueur; de là les paroles suivantes du même Apôtre : « Mais il n'en est pas de la grâce comme du péché. Car, si par le péché d'un seul plusieurs sont morts, la miséricorde et le don de Dieu se sont répandus beaucoup plus abondamment sur plusieurs, par la grâce d'un seul homme qui est Jésus-Christ ». D'où vient cette plus grande abondance, si ce n'est de ce que tous ceux qui sont rachetés par Jésus-Christ meurent, il est vrai, temporellement à cause d'Adam, mais seront éternellement vainqueurs à cause de Jésus-Christ lui-même? Et il n'en est pas de ce don comme du péché », dit l'Apôtre, « car nous avons été con damnés par le jugement de Dieu pour un seul, tandis que nous sommes justifiés par la grâce après plusieurs péchés ». « Pour un seul » ; n'est-ce pas pour un seul péché, puisqu'il ajoute : « Nous sommes justifiés par la grâce après plusieurs péchés? » Que nos adversaires nous disent comment nous avons été condamnés pour un seul, à moins que pour cette condamnation il ne suffise du seul péché originel, qui se transmet à tous les hommes? Quant à la grâce, elle nous justifie après plusieurs péchés, parce qu'elle efface non-seulement le péché originel, mais aussi les autres péchés dont chaque homme se rend coupable par le dérèglement de sa volonté propre. « Si donc, à cause du péché d'un seul, la mort a régné par un seul ; à plus forte raison, ceux qui reçoivent l'abondance de la grâce et du don de la justice, règne vont dans la vie par un seul, qui est Jésus Christ. Comme donc c'est par le péché d'un seul que tous les hommes sont tombés dans la condamnation, ainsi c'est par la justice d'un seul que tous les hommes reçoivent la justification de la vie». Que nos adversaires s'obstinent donc dans la vanité de leur esprit, qu'ils soutiennent que, si le péché s'est transmis, c'est uniquement par voie d'imitation et non par voie de génération. Mais alors, comment peut-il se faire que ce soit par le péché d'un seul que tous les hommes sont tombés dans la condamnation », et non pas chacun par ses propres péchés ? Ne faut-il pas en conclure que ce péché, quoique numériquement seul, était suffisant par lui-même pour précipiter tous les hommes dans la condamnation, et y précipite en effet tous les enfants qui meurent avant d'avoir repris naissance en Jésus-Christ ? Pourquoi donc nous poser une question dont il ne veut pas entendre la solution de la bouche même de l'Apôtre ? « Comment », dit-il, « le péché peut-il se trouver dans les enfants: est-ce par leur volonté propre, est-ce par l'effet du mariage, est-ce par la faute des parents? » Voici la réponse, qu'il l'écoute et qu'il se taise : « C'est par le péché d'un seul », dit l'Apôtre, « que tous les hommes sont tombés dans la condamnation ». C'est donc par Adam que tous sont condamnés, comme c'est par Jésus-Christ que tous sont justifiés; non pas, sans doute, qu'il affirme que tous ceux qui meurent en Adam soient réellement vivifiés par Jésus-Christ; le sens véritable de cette proposition c'est que, de même que la mort n'arrive à personne que par Adam, de même la vie n'est conférée à personne que par Jésus-Christ. Prenons un exemple: Quand il n'y a qu'un seul professeur de belles-lettres dans une ville, on est en droit de dire que c'est lui qui enseigne les belles-lettres à tous les habitants; non pas, sans doute, que tous les apprennent, mais parce que personne ne les apprend que de lui. Enfin, comme pour nous aider à trancher cette difficulté, l'Apôtre remplace bientôt le mot : tous, par le terme moins général : plusieurs, tout en désignant dans ces deux cas les mêmes personnes. « Car, comme plusieurs sont devenus pécheurs par la désobéissance d'un seul homme, ainsi plusieurs seront rendus justes par l'obéissance d'un seul3 ».


  1. Rom. III, 20. ↩

  2. I Cor. XV, 22. ↩

  3. Rom. V, 12-19. ↩

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Du mariage et de la concupiscence

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