55.
Des époux il passe aux enfants, qui sont en effet l'objet de cette grande question pour laquelle nous engageons contre ces nouveaux hérétiques de si longues discussions. Mais voici que, poussé sans doute par une force secrète et divine, il dévoile complètement sa pensée, et tranche lui-même le noeud de la difficulté. En effet, voulant frapper contre nous le dernier coup, parce que nous disons que même les enfants issus du mariage légitime naissent coupables d'un péché, il s'écrie: «Vous soutenez donc que les enfants qui ne sont jamais nés ont pu être bons, tandis que a ceux qui ont rempli le monde, et pour lesquels Jésus-Christ est mort, sont l'oeuvre propre du démon, le fruit de la maladie spi rituelle, et sont coupables depuis leur naissance ». J'ai prouvé que toute votre augmentation tend à montrer que « Dieu n'est pas le créateur des hommes qui existent ». Je réponds que toujours j'ai affirmé que Dieu seul est le créateur de tous les hommes, quoique ces hommes naissent coupables et ne puissent échapper à la condamnation, à moins qu'ils ne renaissent en Jésus-Christ. Grâce au démon, ils ont été conçus dans l'iniquité, et ils naissent dans le péché, quoique par leur nature proprement dite ils soient toujours l'oeuvre de Dieu. Faites que la concupiscence honteuse n'agite nos membres qu'avec le consentement formel de notre volonté, et alors je dirai que notre nature est saine; que cette concupiscence ne fasse plus rougir le mariage, même licite et honnête; que ce mariage cesse de craindre la publicité de ses oeuvres et ne cherche plus les ténèbres, alors encore je dirai que notre nature est saine; que l'Apôtre cesse de défendre aux époux de s'unir sous l'influence de cette maladie, et je dirai de nouveau que notre nature est saine. N'est-ce point là cette maladie que les commentateurs latins désignent, tantôt sous le nom de maladie du désir ou de la concupiscence, et tantôt sous le nom de passion de la concupiscence1, ou sous tout autre nom semblable? Quoi qu'il en soit, dans la langue latine et surtout dans le langage ecclésiastique, le mot passion implique toujours une idée de blâme et de mépris.
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I Thess. IV, 5. ↩