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Mais, dites-vous, « si, à raison de ce mal de la concupiscence, les parents, même chrétiens, transmettent à leurs enfants la souillure originelle, on doit en conclure que la pudeur virginale est un principe de bonheur; et comme cette pudeur virginale se rencontre parfois dans les impies, on doit en conclure que les infidèles, qui ont conservé la virginité, l'emportent sur les chrétiens souillés de la tache de la concupiscence ». C est là de votre part une très grande erreur. En effet, ceux qui font un bon usage de la concupiscence, ne reçoivent aucune souillure de la concupiscence, quoiqu'ils engendrent dans la concupiscence des enfants qui auront besoin d'être purifiés par la régénération. D'un autre côté, quoique certains impies aient conservé la virginité de la chair, ce n'est pas à dire pour cela qu'ils aient la pudeur virginale, car la véritable pudeur ne saurait se trouver dans une âme fornicatrice. Gardez-vous donc de préférer le bien virginal des impies au bien conjugal des fidèles ; car des époux, qui font un bon usage du mal, doivent être préférés à des vierges qui font un mauvais usage du bien. Par conséquent, puisque les époux chrétiens font un bon usage du mal de la concupiscence, ce n'est que par « une insigne calomnie que vous pouvez accuser la foi de leur procurer l'impunité du crime » ; la seule conclusion à tirer, c'est que la foi leur assure une chasteté, non pas fausse, mais véritable.
