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Mais de votre oeil perspicace sondant les profondeurs de la nature, vous vous flattez d'en trouver les limites et d'en fixer les règles «Selon la nature des choses », dites-vous, « il est impossible de prouver que des parents transmettent ce dont on les croit exempts. Affirmer qu'ils le transmettent, c'est affirmer qu'ils ne l'ont pas perdu ». C'est là encore une de ces définitions pélagiennes que vous auriez dû repousser, si vous avez lu, comme vous le dites, l'opuscule adressé par moi à Marcellin de religieuse mémoire1. Pélage le premier avait dit des parents chrétiens qu’« ils ne peuvent transmettre à leurs enfants ce qu'ils n'ont pas eux-mêmes ». C'est là un mensonge contre lequel protestent les quelques exemples que j'ai donnés plus haut, et auxquels je puis en ajouter d'autres. Le juif circoncis conservait-il encore quelque chose du prépuce? Et cependant l'enfant qu'il engendrait avait encore besoin d'être circoncis; ce qui prouve que la génération transmettait ce qui n'était plus dans le père. D'ailleurs le précepte formel de la circoncision, au huitième jour, imposé aux patriarches et au peuple juif, était évidemment la figure de la régénération en Jésus-Christ, qui, après avoir passé dans le tombeau le septième jour, celui du sabbat, ressuscita le huitième jour pour notre justification2. Pour peu que l'on soit initié à la science des saintes lettres, il est impossible qu'on ignore que le sacrement de la circoncision n'était qu'une figure du baptême. D'ailleurs, rien de plus explicite que ce langage de l'Apôtre parlant de Jésus-Christ: « C'est lui qui est le chef de toute principauté et de toute puissance. C'est en lui aussi que vous avez été circoncis d'une circoncision qui n'est pas faite par la main des hommes, et qui consiste dans le dépouillement du corps des péchés que produit la concupiscence charnelle, c'est-à-dire de la circoncision de Jésus-Christ. C'est encore avec lui que vous avez été ensevelis par le baptême, et avec lui que vous êtes ressuscités, par la foi que vous avez eue que Dieu l'a ressuscité d'entre les morts par l'efficacité de sa puissance. Car, lorsque vous étiez dans la mort de vos péchés et dans l'incirconcision de votre chair, Jésus-Christ vous a fait revivre avec lui, vous pardonnant tous vos péchés3 ». Cette circoncision faite de main d'homme et donnée à Abraham n'était donc que la figure de cette circoncision qui nous est faite aujourd'hui en Jésus-Christ, et non pas de main d'homme.
