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Dans mon livre à Marcellin, j'avais dit Les enfants de cette femme coupable qui a cru à la parole du serpent et s'est laissé corrompre par la passion, ne sont sauvés que par le Fils de cette Vierge qui a cru à la parole de l'Ange lui annonçant qu'elle enfanterait sans passion1 ». Or, vous avez cité et interprété ces paroles, comme si j'avais dit que « le serpent eut avec Eve un commerce charnel » ; c'est là également ce que soutiennent les Manichéens arrivés au comble du délire. Assurément je n'ai jamais tenu pareil langage sur le serpent. Mais vous, au contraire, ne soutenez-vous pas, contre la parole formelle de l'Apôtre, que l'esprit de la femme n'a pas été corrompu par le serpent ? Ne l'entendez-vous donc pas s'écriant : « Comme le serpent séduisit Eve par ses artifices, j'appréhende que vos esprits ne se corrompent et ne dégénèrent de la simplicité et de la chasteté chrétiennes2 ? » Or, cette corruption produite par le serpent, et qui se produit lorsque les mauvais discours corrompent les bonnes moeurs3, fut le principe de cette passion de péché dont l'esprit de la femme fut envahi ; que l'homme se laisse séduire à son tour, et aussitôt cette prévarication dont ces malheureux vont rougir, s'emparera de la chair, non point parce que la femme aura commerce avec le serpent , ruais parce que la grâce spirituelle de Dieu s'est éloignée de leur personne.