16.
La foi, aussi bien celle qui n'est que commencée que celle qui est parfaite, est donc nécessairement un don de Dieu ; don accordé aux uns et refusé aux autres, comme il est impossible d'en douter, à moins de se mettre en contradiction manifeste avec les saintes Ecritures. D'un autre côté, si ce don n'est point fait à tous, le fidèle ne doit point s'en scandaliser, car il sait que le crime du premier homme a fait peser sur tous ses descendants une condamnation tellement méritée, qu'elle resterait parfaitement juste, lors même qu'aucun homme ne devrait y échapper. Si donc plusieurs sont sauvés (et, dans le sort de ceux qui ne le sont pas, ils peuvent comprendre ce qui leur était dû) qu'ils n'en proclament qu'avec plus de reconnaissance la grandeur du bienfait qui leur a été départi. De cette manière, celui qui se glorifie se glorifiera dans le Seigneur et non pas dans ses propres mérites, qui ne sont pas différents de ceux des réprouvés. Maintenant, pourquoi Dieu sauce-t-il plutôt celui-ci que celui-là? N'oublions pas que les jugements de Dieu sont incompréhensibles et ses voies impénétrables1. Le parti le plus sage pour nous, c'est d'entendre et de dire : « O homme, qui êtes-vous donc pour oser répondre à Dieu2? » De quel droit oserions-nous affirmer, comme si nous le connaissions, ce que Dieu a voulu nous cacher? Ne nous suffit-il pas de savoir que Dieu ne saurait vouloir l'injustice ?