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Works Augustine of Hippo (354-430) Contra secundam Iuliani responsionem imperfectum Contre la seconde réponse de Julien
LIVRE PREMIER. LES TROIS PREMIERS ARGUMENTS DE JULIEN.

105.

Jul. En effet, si la justice n'impute que ce dont on est libre de s'abstenir; si, d'autre part, la nécessité du mal existe avant le baptême, parce qu'alors, suivant tes propres expressions, la volonté n'a pas la liberté de faire le bien et ne peut pas faire autre chose que le mal; cette nécessité qu'elle subit la défend donc contre l'infamie attachée au mal; et ses oeuvres ne sauraient être un sujet d'accusation contre elle au tribunal de cette justice qui n'impute que le mal dont on a été libre de s'abstenir. De plus, si la nécessité du bien existe après le baptême, sans aucun doute il ne peut plus y avoir de péchés. Vois donc combien il est impossible de trouver dans le sang dont l'homme est formé, ce que la raison prouve clairement être l'essence du péché, puisque, d'après les termes de tes propres définitions, on ne le trouve pas même dans les moeurs.

Aug. Tu te trompes grandement, soit en croyant qu'on n'est jamais dans la nécessité de commettre le péché, soit en ne comprenant pas que cette nécessité est le châtiment d'un péché qui a été commis sans aucune nécessité. En effet, si la nécessité de commettre le péché n'existe jamais (et je ne parle pas de la force du mal qui nous atteint dès notre origine; car vous prétendez que ce mal n'existe pas), qu'éprouvait-il donc, je vous prie, celui qui, suivant votre interprétation, était telle ment accablé du poids de ses habitudes mauvaises, qu'il s'écriait : « Je ne fais pas le bien que je veux ; mais je fais le mal que je ne veux pas[^1]? » D'ailleurs, si je ne me trompe, tu sais combien il faut de travaux pour apprendre ce que, dans le cours de cette vie, on doit rechercher et ce que l'on doit éviter. Mais ceux qui n'ont point cette connaissance, par le fait même qu'ils ignorent le bien que l'on doit désirer et le mal que l'on doit éviter, subissent la nécessité de commettre le péché. En effet, il est nécessaire que celui-là pèche, qui, ne sachant pas ce qu'il doit faire, fait ce qu'il ne doit pas. C'est de cette sorte de maux que le psalmiste parlait à Dieu dans cette prière: « Ne vous souvenez point des fautes de ma jeunesse et de mon ignorance[^2] ». Si Dieu, dans sa justice, n'imputait pas ce genre de fautes, cet homme fidèle ne demanderait pas qu'elles lui soient pardonnées. De là encore ces paroles d'un autre serviteur de Dieu «Vous avez compté mes péchés et vous avez écrit le nombre de ceux que j'ai commis malgré moi[^3] ». Toi-même aussi, dans le dernier des quatre livres que tu as publiés contre mon livre unique, tu dis que des affections et des passions de l'âme u naissent dans ales hommes des inclinations qui deviennent des habitudes et qui jettent en eux des racines si profondes que , sans des efforts «héroïques, il est absolument impossible de les arracher». Tous ceux donc qui commettent le péché en cédant à une crainte qu'il n'est pas en leur pouvoir de surmonter, pèchent-ils autrement que d'une manière nécessaire ? Mais vous-mêmes vous reconnaissez que, dans celui du moins qui dit : « Je fais le mal que je ne veux pas », ces sortes de péchés sont la suite d'autres péchés qui ont été commis sans aucune nécessité. Car, celui qui, en subissant cette nécessité, n'éprouve d'autre contrainte que celle de l'habitude de pécher; celui-là, dis-je, sans aucun doute, avant qu'il eût commis le péché, n'était pas encore assujetti à la nécessité de l'habitude. Et conséquemment, même suivant votre doctrine, la nécessité de commettre des péchés dont on n'est pas libre de s'abstenir, est un châtiment infligé pour d'autres péchés dont on a été libre de s'abstenir lorsqu'on n'était accablé du poids d'aucune nécessité. Pourquoi donc ne croyez-vous pas que ce péché du premier homme, dont l'énormité est au-dessus de toute expression, a eu, pour corrompre la nature humaine tout entière, au moins autant d'efficacité que cette seconde nature en «aujourd'hui à l'égard d'un homme en particulier ? (tu as cru en effet devoir nous rappeler que l'habitude est appelée par les savants une seconde nature[^4].) Ainsi, puisque nous reconnaissons dans les hommes l'existence de péchés commis, non pas d'une manière nécessaire mais volontairement, lesquels n'ont d'autre caractère que celui de péchés, d'où il suit qu'on est libre de les éviter; puisque, d'autre part, le genre humain est rempli de péchés qui sont une suite nécessaire de l'ignorance ou des inclinations, et qui, outre leur caractère de péchés, sont encore un châtiment infligé pour d'autres péchés : comment peux-tu dire que, d'après les termes de nos définitions, on ne trouve plus aucun péché même dans les moeurs? Mais entendez ce que vous ne voulez pas entendre. De tous les péchés, soit originels,. soit personnels, déjà commis ou que l'on veut éviter, la grâce de Dieu seule nous délivre par Jésus-Christ Notre-Seigneur, en qui nous avons été régénérés et de qui nous avons appris à dire dans nos prières, non-seulement : « Pardonnez-nous nos offenses », parce que nous avons péché, mais encore : « Ne nous faites pas entrer en tentation », afin que nous ne commettions point le péché.

  1. Rom. VII, 19.

  2. Ps. XXIV, 7.

  3. Job, XIV, 47, suiv. les Sept.

  4. Voir ci-dessus, ch. LXIX.

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Contre la seconde réponse de Julien

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