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Jul. Enfin, saint Paul montre quel est le sens précis de son exhortation par ces paroles qui la précèdent : « Je parle un langage humain à cause de la faiblesse de votre chair ; comme donc vous avez fait servir vos membres à l'impureté et à l'iniquité sans cesse croissante , ainsi maintenant faites servir vos membres à la justice pour votre sanctification ; car lorsque vous étiez esclaves du péché, vous étiez libres à l'égard de la justice[^2] ». Il est tout à fait d'accord avec lui-même , quand il dit que ceux-là ont été libres à l'égard de la justice, qu'il vient d'exhorter à conserver leurs membres dans une sanctification parfaite. Cependant, après nous être arrêtés longtemps ici à démontrer la vérité incontestable de ce que j'avais avancé[^3], savoir que ceux qui se laisseraient effrayer par vos discours nieraient le libre arbitre, et qu'une terreur imaginaire les précipiterait à une perte véritable; que, de plus, tu étais toi-même le principal adversaire du libre arbitre, revenons au livre adressé par toi à Valère, afin de prouver que tout d'abord tu avais nié que Dieu soit créateur, et que maintenant tu nies cette vérité en un endroit, et dans un autre endroit tu la confesses en des termes beaucoup plus impies que ceux de ta négation elle-même. La discussion que nous avons établie au sujet de ton premier livre a fait voir assez clairement que, dans cet ouvrage, tu niais d'une manière absolue que Dieu soit le créateur des hommes; tu affirmais, en effet, que « le démon recueille avec un droit légitime le genre humain comme le fruit d'un arbrisseau planté par lui-même[^1] », et beaucoup d'autres choses, qui tiennent lieu d'arguments dans ton livre; et qui ont pour but d'établir cette erreur. Mais dans ce nouvel ouvrage, quoique la généralité des opinions que tu y exposes conduisent à la même conclusion, tu t'efforces cependant de faire subir à cette doctrine des corrections qui ajoutent encore à l'impiété des termes dans lesquels tu l'avais d'abord exprimée.
Aug. Si le témoignage de l'apôtre ne te suffit pas, quand il dit : « Le péché est entré dans le monde par un seul homme, et par le péché la mort; et la mort a passé ainsi dans tous les hommes par celui en qui tous ont péché » ; Ambroise assurément a interprété la doctrine de l'Apôtre, non pas comme un manichéen (quoique tu accuses de manichéisme ceux qui professent la foi qu'il a professée lui-même), mais comme un catholique; or, il dit en interprétant cette doctrine: « Nous naissons tous dans l'état du péché, nous hommes dont l'origine même est souillée[^4]». Telle est la tige dont le démons cueilli le fruit légitimement et comme le fruit de sa propriété ; ce n'est point la nature créée par Dieu, mais bien le vice que le démon a fait germer et croître dans cette nature. Car ceux qui naissent dans l'état du péché ne sauraient appartenir à un autre maître qui l'auteur du péché, s'ils ne reçoivent une seconde naissance en Jésus-Christ.
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Rom. VI, 19, 20.
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Ci-dessus, ch. LXXIII.
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Des Noces et de la Conc., liv. I, n. 26.
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De la Pénitence, liv. I, ch. II.