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Works Augustine of Hippo (354-430) Contra secundam Iuliani responsionem imperfectum Contre la seconde réponse de Julien
LIVRE TROISIÈME. LE TROISIÈME LIVRE DE JULIEN.

177.

Jul. « Ils luttent contre eux-mêmes, quand ils accomplissent l'oeuvre de la chair ; ils recherchent alors la solitude et les ténèbres; ils haïssent la lumière, parce qu'ils craignent d'être surpris par un regard humain. L'Apôtre dit à ce sujet : Cela (c'est-à-dire l'oeuvre de la chair) ne dépend point de la volonté[^3]. Et en effet, « si nous faisons le bien, cela ne dépend point de notre chair; car chacun sait que les oeuvres de la chair sont la fornication, etc.; si, au contraire, nous faisons le mal, cela ne dépend point de notre âme ; car les fruits de l'esprit sont la paix, la joie[^1]. Enfin, l'Apôtre s'écrie dans son épître aux Romains: Je ne fais pas le bien que je veux; et je fais a au contraire le mal que j'ai en horreur[^2]. Vous entendez ici le cri d'une âme qui réa ciste et qui défend sa propre liberté contre a les envahissements tyranniques de la concupiscence. L'Apôtre se plaint de ce que le péché, c'est-à-dire le démon, l'asservit à a toutes les lois de la concupiscence. La loi divine elle-même nous apprend que celle-ci est un mal, puisque cette loi condamne toutes les oeuvres dont la concupiscence a été le principe et qui obtiennent l'admiration et les éloges de la chair : et en effet, tout ce qui est amer pour la concupiscence, est doux et suave pour l'âme; tout ce qui affaiblit la première, nourrit et fortifie la seconde. Enfin, l'esprit de l'homme qui résiste constamment aux suggestions de la concupiscence, est plus actif, plus brillant et plus fort : ceux au contraire qui obéissent aux lois de la chair, sentent ordinairement s'affaiblir les forces de leur esprit et de leur volonté ». Comprends-tu que nous avons découvert, quoique tardivement, si l’on veut, la source où tu viens puiser, non-seulement tes pensées, mais même tes paroles? car la tendresse de ton affection pour ton maître va jusqu'à te faire suivre, non-seulement la voie qu'il a tracée, mais l'empreinte même des pas qu'il a faits dans cette voie nous en trouvons la preuve dans tous tes écrits, mais surtout dans les livres que tu as dédiés à Marcellin et dans ceux que tu as écrits pour Valère. Dans ces derniers ouvrages, tu déclares de la manière la plus explicite que cette concupiscence de la chair, qualifiée par toi de concupiscence honteuse, a été introduite dans le corps de l'homme par le démon;...

Aug. As-tu donc perdu le pouvoir même de rougir, toi qui nies que l'on doive rougir de la concupiscence ;de cette concupiscence contre laquelle, en vérité, je me demande si tu luttes fidèlement, quand je te vois lui prodiguer ainsi tes éloges? Lorsque tu avais une épouse, tu n'avais rien à craindre de tes relations avec elle, puisqu'elles étaient légitimes; et cependant le sentiment de la pudeur te faisait rechercher l'ombre et la solitude. Certes, si les hommes jouissaient encore de la félicité,du paradis, ou bien ta cliente serait absente de ce séjour; ou bien ses mouvements seraient parfaitement soumis à l'empire de la volonté, et celle-ci ne serait pas dans la nécessité de résister à ceux-là pour que la pureté qui conviendrait à cet heureux état demeurât inviolable. Mais puisque, dans ton zèle de panégyriste, tu as été jusqu'à soutenir que la passion charnelle aurait existé dans le paradis telle qu'elle se fait sentir à nous aujourd'hui, sollicitant les coeurs chastes malgré leurs résistances; qui ne voit qu'en continuant ta lutte contre moi, tu cèdes non pas à une inspiration de la sagesse, ni à un mouvement d'éloquence, mais aux suggestions de ton impudence et à un sentiment de mauvaise honte qui t'empêche de t'avouer vaincu ? Ainsi donc, nous ne disons point, comme les Manichéens, que la concupiscence charnelle est une substance mauvaise de sa nature; nous ne condamnons point non plus, comme eux, tous les actes conformes aux mouvements de cette concupiscence ; d'autre part, nous ne disons pas non plus avec les Pélagiens qu'elle mérite la qualification de bonne, et les mouvements qu'elle fait naître, en tant qu'ils sont contraires à l'esprit, n'obtiennent point nos éloges comme ils obtiennent ceux de ces mêmes Pélagiens.; mais nous disons, avec les chrétiens catholiques, que cette concupiscence est un vice, flétrissant une substance bonne en elle-même, et dont notre nature s'est trouvée atteinte par suite de la prévarication du premier homme; nous reconnaissons aussi comme licites et honnêtes les actes accomplis conformément aux suggestions de cette passion mauvaise, lorsqu'ils sont justifiés par la nécessité de procréer des enfants; et ici encore notre langage est celui des chrétiens catholiques. De cette manière, nous répondons victorieusement aux Manichéens et aux Pélagiens, sans tomber pour cela ni dans le pélagianisme, ni dans le manichéisme : deux erreurs parfaitement distinctes , mais dont l'une, quoique moins grave en apparence, prête cependant un appui manifeste à celle qui paraît plus perverse. Car, par le fait seul que les Pélagiens refusent de reconnaître comme un vice flétrissant une substance bonne, cette concupiscence dont le caractère odieux ne saurait guère échapper à personne, ils apportent un argument de plus aux Manichéens suivant qui ce vice n'est pas autre chose qu'une substance mauvaise, éternelle comme la substance du Dieu bon.

  1. Rom. IX, 16.

  2. Galat. V, 19, 22.

  3. Rom. VII, 19.

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Contre la seconde réponse de Julien

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