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Jul. Toi, au contraire, après avoir enseigné que l'homme est un fruit de cette concupiscence diabolique , tu ajoutes que cependant l'homme est l'oeuvre de Dieu, non pas en ce sens que l'homme a été rendu bon à mauvais qu'il était, mais en ce sens que cette production mauvaise d'un principe mauvais, ce fruit qui appartient au démon comme l'arbre d'où il a été cueilli, remonte cependant à un auteur bon ; et en cela tu fais preuve d'une stupidité tout à fait grossière.
Aug. Il y a toujours quelque chose de bon dans l'homme, sans en excepter les adultes, quï ont mérité la qualification d'hommes mauvais. Parce qu'un homme est mauvais, il ne s'ensuit pas qu'il n'y ait plus en lui aucun bien, puisqu'il est toujours homme; quelque souillure que l'homme contracte dans son origine, quelque faute qu'il commette ensuite par sa volonté propre, Dieu n'en est pas moins l'auteur de sa nature, c'est-à-dire de ce bien qui est en lui ; car on ne doit pas confondre avec la substance et la nature humaine les vices qui doivent être guéris par le même Sauveur par qui cette nature a été créée dans un état de dégradation et de flétrissure. Voilà ce qui renverse à la fois la doctrine de Manès et la vôtre ; car ce n'est pas contre moi, mais contre Ambroise que vous luttez; et les Manichéens, et vous-mêmes, vous êtes vaincus ici par Ambroise seul, à qui j'ai emprunté les arguments que je vous ai opposés.