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Jul. Ainsi, ce n'est pas une calomnie que nous inventons contre toi, quand nous disons que tu condamnes les noces et que, suivant toi, l'homme naissant de ces noces est l'oeuvre du démon : ce n'est pas non plus la mauvaise foi qui nous inspire cette objection, ni l'ignorance qui nous fait interpréter tes paroles de cette manière; mais nous, considérons avec soin et en toute simplicité quelle est la conclusion naturelle des maximes suivantes. Il n'y a jamais de noces corporelles sans une union charnelle. Or, tu prétends que tous ceux qui naissent de cette union appartiennent au démon ; par là même, et sans aucun doute, tu déclares que les noces sont l'oeuvre et la propriété du démon.
Aug. Est-ce que nous enseignons que, si personne n'avait péché, les noces auraient pu exister dans le paradis sans l'union des corps? Mais ce qu'il y a de mauvais aujourd'hui dans cette union, quoique la pudeur conjugale en fasse un usage licite, n'eût pas existé alors. Ce mal est un effet de la blessure que l'astuce du démon a faite. De là vient cette culpabilité qui pèse sur la race humaine : telle est l'origine de l'enfant qui naît soumis à la puissance du prince du péché, jusqu'à ce qu'il reçoive une naissance nouvelle en Jésus-Christ, lequel n'a jamais été coupable d'aucun péché; lequel aussi peut seul briser les liens de la mort, parce que lui seul parmi tous les hommes ne les a point portés.