• Home
  • Works
  • Introduction Guide Collaboration Sponsors / Collaborators Copyrights Contact Imprint
Bibliothek der Kirchenväter
Search
DE EN FR
Works Augustine of Hippo (354-430) Contra secundam Iuliani responsionem imperfectum Contre la seconde réponse de Julien
LIVRE PREMIER. LES TROIS PREMIERS ARGUMENTS DE JULIEN.

69.

Jul. Avant de parler en ces termes de l'état malheureux auquel l'homme est réduit, et de la grâce divine, saint Paul avait dit : a Je vois dans mes membres une autre aloi qui combat contre la loi de mon esprit a et me rend esclave de la loi du péché » ; c'est après ces paroles qu'il s'est écrié : « Qui me délivrera du corps de cette mort? Ce sera la grâce de Dieu par Jésus-Christ Notre-Seigneur[^1] ». Il est certain, à la vérité, que l'Apôtre avait écrit les paroles cirées par toi avant d'ajouter : « Malheureux homme que je suis, qui me délivrera du corps de cette mort? Ce sera la grâce de Dieu par Jésus-Christ Notre-Seigneur ». Mais, pour le moment, la question n'est pas de savoir si saint Paul a parlé ainsi ; nous demandons précisément dans quelle intention, dans quel sens et pour quelles raisons il a écrit ces paroles. Or, quand il disait que, au commencement de leur conversion, il y a dans les membres de ceux qui ont été pendant longtemps livrés à des vices honteux, une loi qui continue à se révolter contre les conseils de la sainteté, il voulait parler de l'habitude mauvaise que les savants du siècle même appellent ordinairement une seconde nature. Eu effet, quelques lignes auparavant, il avait adressé des reproches à ceux auxquels il écrivait, en ces termes : « Je parle un langage humain à a cause de la faiblesse de votre chair: comme donc vous avez fait servir vos membres à l'impureté et à l'iniquité pour l'iniquité, ainsi maintenant faites servir vos membres à la justice pour votre sanctification[^2] ». Et pour montrer qu'il donnait le nom de chair, non pas à ce corps qui a son origine dans l'union des deux sexes, mais par abus de mot aux vices, il ajoute, environ deux chapitres plus loin : « Lorsque nous étions dans la chair, les passions du péché, que la loi fait connaître, agissaient dans nos membres et leur faisaient produire des fruits pour la mort[^3] ». Il dit : « Lorsque nous étions dans la chair », comme si, au moment où il discute, il n'était plus dans la chair : mais ceux qui connaissent l'Ecriture, comprennent facilement cette manière de parler. C'est pourquoi, quand un mot susceptible de plusieurs interprétations donne lieu à des difficultés, il faut recourir aux lumières de la raison pour écarter tout ce qui semblait être en opposition avec celle-ci. Du reste, Fauste, évêque manichéen et ton maître, trouve dans ce témoignage de l'Apôtre un de ses principaux arguments contre noirs; suivant lui, toutes ces paroles de l'Apôtre sur la loi qui, habitant dans nos membres, se révolte contre la raison, ne désignent pas autre chose que lu nature mauvaise. C'est pourquoi tu as dû éviter par-dessus tout d'interpréter ce passage dans le sens que les Manichéens lui attribuent autrement, en suivant fidèlement les voies tortueuses tracées par Fauste, tu ne paraîtrais pas avoir discuté réellement, mais seulement avoir répété des choses dites depuis longtemps déjà.

Aug. Je citerai pour te répondre, non pas le manichéen Fauste, mais un savant docteur catholique, Grégoire : « Quand il parlait », pour me servir de tes propres expressions, « quand il parlait de cette loi qui, au commencement de leur conversion, continue, dans les membres de ceux qui ont été longtemps livrés à des vices honteux, à se révolter contre les conseils de la sainteté, il n'entendait point désigner par là l'habitude mauvaise que les savants du siècle même appellent ordinairement une seconde nature » ; mais il attribuait hautement et en termes explicites à ce corps mortel et terrestre qui nous enveloppe, la loi du péché qui dans nos membres combat contre la loi de l'esprit. « La loi du péché », disait-il, « qui est dans nos membres, combat contre la loi de l'esprit, quand elle s'efforce de réduire en servitude l'image royale qui est au dedans de nous, et de nous dépouiller de tous les trésors qui nous ont été conférés avec le bienfait de la condition divine à laquelle nous avons été primitivement élevés. Aussi », dit-il, « c'est à peine si quelque philosophe, après avoir vécu longtemps suivant les principes d'une philosophie austère, et reconnaissant peu à peu la noblesse de son âme, rapporte à Dieu et fait réfléchir vers lui la nature lumineuse qu'il voit en lui-même unie à cette boue aussi abjecte que ténébreuse. Si cependant il reçoit de Dieu, et comme récompense de sa conduite, cette faveur spéciale, il lui rapportera à la fois cette noblesse et ces lumières de son âme ; mais pour cela il faut encore que, par une longue suite de méditations assidues, il ait acquis l'habitude de tenir constamment son regard fixé vers les choses d'en haut et de soulever pour ainsi dire par les freins étroits avec lesquels il la réprime, cette matière qui lui est intimement unie et qui l'appesantit et l'entraîne vers les choses basses et mauvaises[^4] ». Ainsi parlait le bienheureux Grégoire, non pas dans les commencements de sa conversion, mais lorsque, déjà élevé à la dignité épiscopale, il voulait expliquer , ou plutôt rappeler comme des choses connues, la nature et la durée des combats que les saints ont eu à soutenir contre les vices intérieurs, à cause du corps qui appesantit l'âme. Ces combats assurément n'auraient pas existé dans cet heureux séjour de la paix, dans ce paradis de saintes délices, si personne n'avait commis le péché. Car, le corps de cette mort. dont la corruptibilité appesantit l'âme de l'homme, n'aurait pas existé dans ce paradis : on y aurait vu au contraire le corps de cette vie, où, la chair ne convoitant point contre l'esprit, celui-ci n'est pas dans la nécessité de convoiter contre la chair[^5]; et cette heureuse concorde de l'un et de l'autre aurait fait le bonheur de la nature humaine. Si donc tu voulais combattre énergiquement les Manichéens qui introduisent une nouvelle nature et substance, mauvaise en elle-même, et non pas leur prêter ton appui, tu ne nierais pas, avec ceux dont les sophismes t’abusent, l'existence de ces misères, visibles à tous les yeux, qui pèsent sur l'homme depuis le berceau jusqu'à la tombe; tu proclamerais au contraire avec les fidèles catholiques et avec les plus illustres docteurs, comment notre nature est tombée dans ce triste état après avoir reçu primitivement le bonheur en partage.

  1. Rom. VII, 23-25.

  2. Id. VI, 19.

  3. Id. VII, 5.

  4. Grégoire de Nazianze. Apolog. I de sa Fuite.

  5. Gal. V, 17.

pattern
  Print   Report an error
  • Show the text
  • Bibliographic Reference
  • Scans for this version
Download
  • docxDOCX (807.81 kB)
  • epubEPUB (782.29 kB)
  • pdfPDF (3.06 MB)
  • rtfRTF (2.97 MB)
Translations of this Work
Contre la seconde réponse de Julien

Contents

Faculty of Theology, Patristics and History of the Early Church
Miséricorde, Av. Europe 20, CH 1700 Fribourg

© 2025 Gregor Emmenegger
Imprint
Privacy policy