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Works Augustine of Hippo (354-430) Contra secundam Iuliani responsionem imperfectum Contre la seconde réponse de Julien
LIVRE PREMIER. LES TROIS PREMIERS ARGUMENTS DE JULIEN.

70.

Jul. Pour résumer cette discussion, je n'ai fait aucune citation frauduleuse de tes paroles; et toi, tu n'as rien avancé que tu pusses, je ne dis pas démontrer par le témoignage des Ecritures, nais seulement insinuer sous un prétexte de piété quelque spécieux qu'il fût. De plus, la pensée de l'Apôtre n'était pas celle que tu crois : et dans le paradis, l'union charnelle ne différait absolument en rien de celle qui a lieu aujourd'hui entre les époux; car Dieu a fait voir clairement, autant par des bénédictions multipliées que par la diversité naturelle des sexes et par les propriétés des organes servant à la génération, Dieu a fait voir que cette union a été instituée par lui-même. Ces conclusions établies, il est manifeste que tous ceux qui adoptent ton erreur, méritent plutôt ta vengeance que la miséricorde, puisque, pour excuser les crimes qu'ils commettent parleur volonté mauvaise , sans autre témoignage que le tien, ils jettent le déshonneur sur leur naissance, afin de ne point changer leur conduite.

Aug. C'est une conduite conforme à la religion, de rendre à Dieu pendant cette vie les hommages qui lui sont dus; de lutter avec sa grâce contre les vices intérieurs, et de ne point céder aux sollicitations ni aux violences par lesquelles ceux-ci voudraient nous entraîner au mal; enfin d'implorer avec les sentiments d'une piété sincère le pardon des fautes échappées à la faiblesse humaine et le secours de Dieu pour n'en plus commettre. Dates le paradis, au contraire, si personne n'avait péché, la lutte contre le vice n'aurait pas été un acte de religion, parce que le privilège constant de cet heureux état eût été l'exemption de tout vice. Mais ces éloges du vice, que vous avez l'impudence de renouveler sans cesse, ce révèlent pas en vous des hommes qui font au vice une guerre acharnée et véritable. Est-il donc vrai, quand Ambroise disait : « Nous naissons tous dans l'état du péché, nous, hommes dont l'origine même est souillée[^1] », est-il vrai que, en parlant ainsi, il s'appuyait uniquement sur mon témoignage, ou qu'il jetait le déshonneur sur sa naissance, pour ne pas changer sa conduite? Quand Grégoire disait : « Vénère la naissance par laquelle tu as été délivré des liens de la naissance terrestre[^2] » ; ou bien, quand il disait en parlant du Christ ou du Saint-Esprit : « Par là sont effacées les souillures de notre naissance première , ces souillures que nous avons contractées au moment où nous avons été conçus dans l'iniquité et où nos mères nous ont engendrés dans le péché[^3] »; enfin quand Hilaire disait, en parlant du roi David : « Il sait qu'il est né d'une origine coupable et qu'à sa naissance il était sous la loi du péché[^4] » ; est-ce qu'alors tous ces personnages jetaient le déshonneur sur leur naissance, de peur de changer leur conduite? Oseras-tu bien te persuader réellement que la conduite des Pélagiens est préférable à la conduite de ces hommes ? Je vous en demande pardon, mais nous ne regarderions nullement votre conduite comme meilleure que la leur, quand même vous n'auriez point pour la concupiscence de la chair cette affection qui vous porte à la placer même dans le paradis, avant le péché, telle qu'elle existe aujourd'hui avec ses convoitises contre l'esprit. Car si «dans le paradis, l'union charnelle, suivant tes propres expressions, n'était nullement différente de celle qui a lieu aujourd'hui entre les époux », la passion charnelle, sans laquelle l'union des deux sexes ne peut aujourd'hui s'accomplir, existait donc aussi dans le paradis, même avant le péché. Si donc vous ne voulez pas que les organes servant à la génération, et qui n'avaient encore rien d'offensant pour la pudeur, aient pu obéir, en dehors de toute passion, à la volonté humaine, lorsqu'ils avaient à remplir leur office, lequel consiste dans la procréation des enfants; je vous demanderai encore quels étaient, suivant vous, les caractères de cette même passion dans ces circonstances. Certainement, quand son action était nécessaire, elle obéissait à la volonté; mais quand le désir de procréer des enfants ne rendait point sou action nécessaire, allumait-elle néanmoins sa flamme dans le coeur de l'homme et poussait-elle celui-ci soit à toute sorte d'unions criminelles, soit à des unions véniellement coupables entre époux? Car, si elle était alors absolument la même qu'elle est aujourd'hui, sans aucun doute elle agissait de cette manière, soit qu'on résistât par la tempérance à ses suggestions, soit qu'on y cédât par intempérance. Or, dans cet état, l'homme devait nécessairement, ou bien obéir à cette passion en commettant le péché, ou bien lui résister en lui livrant des combats au dedans de lui-même : si vous avez reçu une intelligence humaine, vous voyez que la première de ces deux suppositions répugne à l'honnêteté, la seconde à la paix de cet heureux état. Il reste donc à dire que si la passion existait dans le paradis, elle était tellement soumise à la volonté, que l'esprit droit et paisible n'était ni excité par elle au péché, ni provoqué au combat; et que l'âme obéissant à Dieu et jouissant de sa présence, n'était point contrainte par elle à commettre le péché ni à combattre. Conséquemment, puisque la passion n'a plus aujourd'hui ces caractères ; puisque ses désirs se portent vers les choses même permises, non pas avec modération, mais avec une ardeur frénétique, en même temps que, par rapport aux choses illicites, ou bien elle asservit honteusement l'esprit, ou bien elle convoite contre lui, reconnaissez le mal contracté par la nature dont l'intégrité a été violée quoique la chasteté conjugale fasse un bon usage de ce mal, parce qu'elle a pour office de propager ta race humaine, ce mal est néanmoins pour les enfants l'origine d'une souillure qui doit être effacée par le sacrement de la régénération.

  1. De la Pénitence, liv. I, ch. II ou III.

  2. Sermon sur la Nativité du Seigneur.

  3. Serm. Sur la Pentec.

  4. Sur le Ps. CXVIII, 175.

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Contre la seconde réponse de Julien

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