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Works Augustine of Hippo (354-430) Contra secundam Iuliani responsionem imperfectum Contre la seconde réponse de Julien
LIVRE CINQUIÈME. LE CINQUIÈME LIVRE DE JULIEN.

14.

Julien. Il tourne ensuite tous ses efforts contre cette proposition que j'ai appuyée sur le témoignage de l'apôtre saint Paul, savoir que Dieu forme l'enfant de la semence des parents. Il prétend que j'ai fait un acte de fourberie quand j'ai voulu interpréter en faveur de cette doctrine ce que l'Apôtre a dit de la semence du froment; comme si j'avais ici divisé la maxime de saint Paul (ce dont mon adversaire ne doute pas), ou que j'eusse invoqué son témoignage pour prouver autre chose que la nécessité de croire à la création de toutes les semences par Dieu. Car le bienheureux Paul, après avoir invoqué en faveur de la foi à la résurrection les exemples de reproduction et de multiplication que nous avons chaque jour sous les yeux, conclut par ces paroles qui peuvent être entendues de toute sorte de créatures : « Dieu lui donne un corps comme il veut, de même qu'il donne à chaque semence un corps propre u ; en d'autres termes, il confère à chaque semence le corps que sa nature réclame. Je n'ai donc point voulu appliquer à l'homme ce qui a été dit du froment, mais j'ai été trop heureux de trouver dans cette maxime de l'Apôtre, d'après laquelle le Dieu créateur donne à chaque semence le corps qui lui convient, un moyen facile de détruire votre doctrine qui n'est pas autre chose que la négation des paroles mêmes de saint Paul. Tes conjectures sont donc dénuées de fondement quand tu supposes que cette citation a été faite hors de propos, et tu n'es qu'un vil calomniateur quand tu déclares que j'ai dénaturé par fourberie la pensée de l'Apôtre. Tu me permettras d'ajouter que tu es un parjure quand tu protestes que dans ta pensée et dans ta croyance intime l'enfant est formé par Dieu de la semence des parents ; et cette accusation n'est pas une vaine conjecture, mais bien la conséquence nécessaire et logique des principes posés par toi.

Augustin. Que celui qui a ton livre entre les mains considère attentivement dans quelle circonstance tu as cité les paroles par lesquelles l'Apôtre nous rappelle que les semences jetées dans le sein de la terre ne sont vivifiées qu'après être mortes d'abord (ce qui se rapportait parfaitement à la résurrection des corps, dont l'écrivain sacré traitait en cet endroit) ; qu'il considère pareillement la réponse que nous t'avons faite à ce sujet dans le livre même que tu essaies de réfuter présentement[^1] ; et il lui sera aisé de se convaincre que tu n'as rien dit alors et que tu ne dis rien aujourd'hui qui se rapporte à la question. Tu mets à contribution. toutes les ressources de la rhétorique, pour démontrer que Dieu forme les hommes de la semence des parents, comme si nous avions jamais contesté la vérité de cette maxime ; et tu invoques le témoignage de l'Apôtre là où les besoins de ta cause n'exigent absolument aucune preuve mais, ce qui est plus insensé encore, tu prétends appliquer à la semence humaine ce que saint Paul a dit de la semence du froment, ainsi que la nature du sujet traité par lui l'exigeait ; et en citant ces paroles de l'épître aux Corinthiens : « Ce que tu sèmes n'est point vivifié », tu omets ces autres qui sont inséparables des premières : « qu'auparavant il ne soit mort ». Tu omets aussi ces autres qui suivent immédiatement : .Et ce que tu sèmes, ce n'est point le corps même qui doit a être produit, mais une simple graine, soit de blé, soit de quelque autre chose », paroles qui ne laissent aucun doute sur le vrai sens de tout ce passage. Sans même avertir le lecteur de cette omission, tu rapportes aussitôt cette maxime que l'Apôtre a ajoutée ensuite : « Mais Dieu lui donne un corps comme il veut, et il donne à chaque semence un corps propre[^2] » : et tu ne veux pas comprendre qu'il s'agit ici de certaines semences en particulier, « soit de la semence de blé, suit de quelque autre semence », de celles, en un mot, qui, une fois jetées dans le sein de la terre, ne sont point vivifiées qu'auparavant elles ne soient mortes. Et tu cherches à interpréter ces paroles dans un sens relatif aux semences humaines ! Sans doute on peut bien, dire avec vérité que Dieu donne à celles-ci un corps comme il veut et à chacune d’elles un corps propre; mais on ne peut pas dire que le sang de l'homme, quand il a pénétré dans le sein de la femme, n'est point vivifié qu'auparavant il ne soit mort. Cela, au contraire, peut très-bien se dire du corps humain ; car ce corps ne ressuscitera point qu'après être mort, et telle est précisément la pensée que saint Paul a voulu exprimer d'une manière plus sensible à l'aide de cette comparaison tirée de la semence du froment. Je n'ai donc pas eu tort de supposer que tu avais de bonnes raisons pour omettre dans ta citation une partie des paroles de celui dont tu invoquais le témoignage, savoir, celles qui auraient fait voir clairement de quelles semences il parlait : tu as craint sans doute (si pourtant ta prévoyance a pu aller jusque-là) que le lecteur attentif. ne conclût de ta manière d'argumenter que, dans le paradis, les hommes ont pu être semés par les organes du sexe masculin dans les sillons génitaux du sexe féminin, de la même manière que le froment est semé par la main des laboureurs dans le sein de la terre ; de telle sorte qu'aucun aiguillon, aucun sentiment de volupté ne présidait à l'oeuvre de la, formation de l'enfant, comme aucun sentiment de douleur ne présidait à l'oeuvre de l'enfantement. Ceux à qui cette tranquillité déplait, dis-moi, que trouveront-ils dans cette chair qui leur plaise, sinon ce qu'elle a de honteux ? Assurément, il n'y aurait pas lieu de rougir de la concupiscence charnelle, si ses suggestions étaient toujours conformes à la volonté de l'esprit, non-seulement quant aux choses vers lesquelles elle nous porte, mais aussi quant au temps et quant à la manière dont elle nous y porte. Mais puisqu'il n'en est pas ainsi, pourquoi prenez-vous sa défense contre nous au lieu de confesser avec nous ou bien qu'elle est née du péché, ou bien qu'elle a été viciée par le péché ?

  1. Du Mariage et de la Concupiscence, liv. II, n. 28.

  2. I Cor. XV, 36, 38.

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Contre la seconde réponse de Julien

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