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Works Augustine of Hippo (354-430) Contra secundam Iuliani responsionem imperfectum Contre la seconde réponse de Julien
LIVRE CINQUIÈME. LE CINQUIÈME LIVRE DE JULIEN.

17.

Julien. Mais c'est assez nous étendre sur ce sujet. Il est temps de répondre aux objections que Manès a puisées autrefois dans l'existence du mal naturel et qu'il a exposées avec une subtilité incontestable, mais non pas suffisante pour l'empêcher de s'égarer et de confondre les éléments des questions très complexes qu'il entreprenait de traiter, ainsi que je l'établirai. Toutefois, qu'on nous permette de faire auparavant une exécution sommaire de l'interprétation donnée par Augustin au texte de l'Apôtre. J'avais dit que, outre le témoignage du sens commun, on pouvait trouver dans les écrits du bienheureux Paul une preuve tout à fait explicite pour démontrer que l'oeuvre charnelle a pour auteur le même Dieu par qui les corps ont été créés. S'élevant en effet contre-la conduite infâme de ceux qu'un délire abominable avait portés à renouveler le crime des habitants de Sodome, saint Paul dit que «abandonnant l'usage naturel de la femme, ils ont brûlé de désirs l'un pour l'autre[^1] » ; d'où j'inférais que, d'après les paroles même de l'Apôtre, en devait considérer l'usage de la femme comme une institution naturelle. Augustin donc me répond en ces termes : « L'Apôtre n'a point dit l'usage conjugal, mais l'usage naturel, parce qu'il voulait parler de l'oeuvre qui s'accomplit à l'aide des organes destinés par le Créateur à s'unir mutuellement et à procréer des enfants: d'où il suit que lorsqu'un homme s'unit ainsi avec une femme de mauvaise vie, il use naturellement de cette femme, mais en cela ii est digne de blâme et non point de louanges. Cette expression d'usage naturel n'a donc pas été employée par saint Paul comme un éloge de l'union conjugale ; l'Apôtre a voulu seulement par ce mot flétrir des crimes plus ignobles et plus révoltants que celui qui consiste à user de la femme d'une manière illicite, mais naturelle[^2] ». En d'autres termes, cet usage de la femme, que l'Apôtre a qualifié de naturel, ne doit pas être confondu avec l'oeuvre conjugale et considéré comme bon et licite en soi : Suivant notre adversaire, il a été qualifié de naturel seulement pour indiquer que la diversité des sexes a été, dans la pensée du Créateur, destinée à permettre à l'homme de s'unir à la femme et de procréer des enfants. D'où peut venir une persévérance aussi opiniâtre et cette obstination à s'épuiser en efforts manifestement stériles? Pourquoi ne le dirions-nous pas ? Augustin, en agissant ainsi, voulait faire croire à ceux qui le suivent qu'il suffit de toucher une question pour la résoudre : un examen de quelques instants suffira pour montrer qu'il n'y a pas dans ses paroles l'apparence même d'un argument sérieux. Saint Paul déclare que l'usage de la femme a pour auteur l'auteur même de 1a nature, et il ne dit pas un seul mot d'une autre sorte d'union instituée au commencement; traitant spécialement de l'usage de la femme, auquel il n'ignorait pas que la concupiscence a présidé dans tous les temps, il l'a qualifié d'usage naturel.

Augustin. L'usage de la femme est naturel quand l'homme se sert de l'organe destiné par la nature à la reproduction des êtres de la même espèce : aussi cet organe est-il souvent désigné par le nom de nature comme par son nom propre. Cicéron, par exemple, dit quelque part qu'une femme vit, pendant son sommeil, sa nature portant le signe de la virginité[^3]. Cet usage naturel donc est tantôt honnête, comme dans le mariage; et tantôt coupable , comme dans l'adultère : mais quant aux actes contraires à la nature, ils sont toujours coupables et sans aucun doute beaucoup plus ignobles et plus honteux; ce sont ces actes que l'Apôtre réprouvait et dans les hommes et dans les femmes, et il voulait faire entendre qu'ils sont,beaucoup plus criminels que l'adultère même ou la fornication accomplis conformément aux lois de la nature. Ainsi l'usage de la femme, naturel et honnête en soi, aurait pu exister dans le paradis, alors même que personne n'aurait commis le péché ; t'eût été en effet pour le genre humain le seul moyen d'exercer la faculté que Dieu lui avait donnée, par une bénédiction spéciale, de se multiplier et de procréer des enfants. Mais qui donc, si ce n'est votre hérésie, a pu t'apprendre que dans la pensée de l'Apôtre la qualification de naturel signifiait que, à toutes les, époques, la concupiscence a présidé à cet usage ? Certes, à Dieu ne plaise que saint Paul ait cru que les hommes sentaient s'allumer en eux. les flammes de la concupiscence lors même qu'ils étaient nus et qu'ils ne rougissaient point de leur nudité. Toutefois, quand même l'Apôtre aurait dit avant toi « que la concupiscence a présidé dans tous les temps à l'usage naturel de la femme », il ne me serait pas impossible de donner à ces paroles une interprétation tout à fait légitime, sans placer pour cela ta honteuse cliente dans les corps de cette vie bienheureuse, dans ces corps qui n'étaient pas encore devenus les corps de cette mort, quoi que puisse penser à ce sujet ton esprit égaré, quelques flots de paroles que puisse répandre ta langue, à quelque excès d'audace que puisse se porter ton impudence. Dans tous les temps, en effet, qui ont suivi la première union de t'homme avec la femme, il est hors de doute que l'usage naturel de la femme n'a jamais pu avoir lieu sans le concours de cette concupiscence honteuse : car le premier homme et la première femme n'étaient plus revêtus du corps de cette vie, mais bien du corps de cette mort, lorsqu'ils s'unirent conformément aux lois de la nature et pour la première fois, après leur sortie du paradis en punition de leur péché. Si l'on prétend qu'ils s'étaient déjà unis ainsi précédemment, nous répondons que dans ce cas leur union s'était accomplie en dehors de toute concupiscence, ou du- moins en dehors de toute concupiscente honteuse : ils n'avaient point été sollicités malgré eux à l'oeuvre de la chair, et ils n'avaient pas été réduits à lutter contre eux-mêmes pour demeurer chastes; mais ou bien leurs organes génitaux accomplissaient leur office conformément aux ordres de l'esprit, ou bien, si la concupiscence existait réellement en eux, elle ne faisait sentir son aiguillon qu'au moment nécessaire, toujours pour obéir aux déterminations parfaitement libres. de la volonté, et sans due jamais les mouvements tumultueux de la volupté vinssent troubler la sereine tranquillité de l'esprit. Les assauts si importuns et si redoutables qu'elle nous livre chaque jour ne nous apprennent que trop combien est différente la concupiscence qui règne maintenant dans nos membres : ou bien celle-ci est le vice même, ou bien sa nature a été altérée et viciée profondément. De là ces paroles de l'Apôtre : « Je sais que le bien n'habite pas en moi, c'est-à-dire dans ma chair[^4] ». C'est pour cela aussi que les enfants portent en naissant la souillure du péché originel. La pudeur conjugale fait un bon usage de cette chose mauvaise ; mais il est encore beaucoup mieux de n'en point user et d'observer la continence religieuse dans le veuvage ou de conserver la sainte intégrité des vierges.

  1. Rom. I, 27.

  2. Du Mariage et de la Concupiscence, liv. II, n. 35.

  3. De la Divination, liv. II.

  4. Rom. VII.18.

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Contre la seconde réponse de Julien

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