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Works Augustine of Hippo (354-430) Contra secundam Iuliani responsionem imperfectum Contre la seconde réponse de Julien
LIVRE CINQUIÈME. LE CINQUIÈME LIVRE DE JULIEN.

22.

Julien. Nous entrons dans ces développements afin de montrer quelles sont les conséquences dernières de vos principes après les argumentations que nous avons établies, une chose demeure au-dessus de toute contestation, c'est qu'il n'existe absolument rien de mauvais en dehors des oeuvres que la volonté accomplit contrairement aux prohibitions de la justice ; et que rien de ce qui est naturel ne saurait être démontré mauvais. C'est là comme une tour inébranlable du sommet de laquelle on repousse les assauts des erreurs les plus audacieuses et les plus perverses.

Augustin. Que dis-tu? ou bien tes argumentations précédentes sont-elles autre chose que des flots de paroles également creuses et pompeuses ? Que signifient ces mots : « Rien de mauvais n'existe en dehors des oeuvres que la volonté accomplit contrairement aux prohibitions de la justice ? » La volonté mauvaise elle-même n'est donc pas un mal, si rien de mauvais n'existe en dehors de ses oeuvres ? Car la volonté mauvaise n'a pas toujours et nécessairement la faculté d'accomplir les oeuvres qu'elle désire d'accomplir : d'où il suivra que, suivant toi, vouloir le mal n'est point de la part de l'homme une chose mauvaise toutes les fois que celui-ci n'a pas le pouvoir d'accomplir ce qu'il souhaite. Peut-on supporter de pareilles inepties, ou plutôt de pareilles folies ? Ajoutons que si absolument rien de mauvais n'existe en dehors des oeuvres accomplies par la volonté contrairement aux prohibitions de la justice, on ne devra donc considérer comme mauvaise aucune des choses que les hommes font ou souffrent malgré eux . on ne devra plus considérer comme un mal ce que l'Apôtre a appelé de ce nom, quand il a dit : « Je ne fais pas le bien que je veux; et le mal que je ne veux pas, je le fais[^1] » ; on ne devra plus considérer comme un mal le supplice du feu éternel, où il y aura des pleurs et des grincements de dents[^2]; car personne ne souffrira ce supplice volontairement, et il ne sera point une oeuvre accomplie, mais bien un châtiment infligé contrairement au désir de la volonté. Ton intelligence pourrait-elle s'arrêter à de pareilles absurdités , si elle n'avait perdu misérablement le sens de la vérité, ou plutôt si elle n'était en proie à un délire véritable ? Que peuvent pareillement signifier ces autres mots : « Rien de ce qui est naturel ne saurait être démontré mauvais ? » Sans parler ici des autres défauts innombrables qui sont l'apanage naturel du corps, est-ce qu'on ne pourra plus appeler du nom de mal la surdité naturelle, qui empêche de recevoir le bienfait de la foi, dont vit le juste[^3] , puisque la foi vient par l'audition[^4]? Vous-mêmes, si vous n'étiez pas sourds d'une surdité intérieure, quand l'Apôtre dit : « Nous avons été, nous aussi, enfants de colère par nature, comme tous les autres[^5] » , vous entendriez ces paroles des oreilles de votre coeur. Mais continuez et criez à des coeurs qui sont à la fois sourds et aveugles. Ce n'est pas un mal d'être naturellement oublieux, d'être naturellement peu intelligent, d'être naturellement enclin à la colère, d'être naturellement porté à la volupté. Pourquoi hésiteriez-vous à débiter ces discours insensés aux oreilles de personnes pour qui la folie naturelle même n'est pas un mal? Dès lors, en effet, que vous niez toute souillure et tout mal originel, vous êtes obligés de louer tous les vices naturels et de dire que, le péché n'eût-il pas été commis dans le paradis, on y aurait vu naître non-seulement des enfants revêtus de corps difformes, débiles ou monstrueux, mais même des enfants atteints de folie; nous supposons, on le comprend, que vous placez au nombre des délices de ce bienheureux séjour votre honteuse cliente, qui fait naître dans la chair des désirs opposés à ceux de l'esprit.

  1. Rom. VII, 19.

  2. Matth. VIII, 12.

  3. Galat. III, 11.

  4. Rom. X, 17.

  5. Ephés. II, 3.

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Contre la seconde réponse de Julien

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