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Works Augustine of Hippo (354-430) Contra secundam Iuliani responsionem imperfectum Contre la seconde réponse de Julien
LIVRE CINQUIÈME. LE CINQUIÈME LIVRE DE JULIEN.

59.

Julien. Mais autant diffèrent le plein et te vide, autant diffèrent le possible et la nécessité. Le pouvoir de faire une chose, ou, comme on dit, la capacité, c'est le vide; car s'il n'y avait point vide, il n'y aurait point capacité. Comment recevoir quand on est plein ? Mais dire nécessité, c'est dire plénitude et non vide : car on ne saurait recevoir comme si on était vide, quand par plénitude on possède nécessairement. Il y a donc entre la nécessité et la possibilité la même différence qu'entre le plein et le vide. Capable de l'une et de l'autre, l'homme est défendu contre leurs attraits par l'appui que lui prête leur opposition. C'est donc dans sa nature seulement, et autant que l'exige l'honneur de son Créateur, que le bien lui est nécessaire ; et c'est là l'innocence naturelle, sans mélange d'aucun mal , capable d'agir par elle-même pour son avantage si elle fait bien, pour sa honte si elle fait mal. Aussi chacun peut défigurer par le péché ce qui lui vient de son propre , mais non décolorer ce qui lui vient par l'oeuvre de Dieu. Il reste donc chez l'homme du mal l'appréciation naturelle du bien, et jamais la puissance de faire le bien et le mal ne sera un mal; mais cela ne servira de rien à celui qui, sans condamner ce qu'il y a de nécessaire dans sa condition, ne l'a forcé à rien d'avantageux pour lui-même. De même donc que chez l'homme qui jouit de la liberté comme nous l'avons expliquée, nous attribuons à sa volonté le mal fait en péchant, et la nature à Dieu qui l'a créé dans cette condition; de même, pour un enfant qui n'a pas l'usage de sa volonté, et qui ne montre rien que la nature primordiale, qu'on le dise plein de crimes, et faisant nécessairement le mal qui n'est que possible chez un autre, assurément on rejette le crime sur l'auteur de la nature.

Augustin. Nous détruisons trop clairement tes règles chez les hommes doués de raison, pour que tu aies le droit de les appliquer chez les enfants. Il n'était plus enfant, celui qui disait: «Je ne fais pas le bien que je veux, mais le mal que je ne veux pas ». Il n'avait point cette possibilité qui est le vide, mais il avait la plénitude qui est la nécessité, pour me servir de ton langage en cette occasion. Le mal pour lui n'était pas le vide pour recevoir, mais le comble de ce qu'il avait reçu. Il ne dit pas en effet : Je puis faire le bien et le mal; pouvoir qui n'est pas un mal pour la nature de l'homme non plus que pour la volonté; mais il dit : « Je ne fais pas le bien que je veux ». Et non-seulement cela, mais il ajoute : « Je fais le mal que je ne veux pas ». Ainsi donc de ne pas faire le bien et de faire le mal, voilà ce qu'il doit, non plus au possible, comme tu l'as rêvé, mais bien à la nécessité, comme il l'avoue en gémissant; c'est un homme faible pour détruire en lui ses misères, mais il n'en est qu'un marteau plus puissant pour détruire vos règles. Il veut et ne fait pas ce qui est bien ; il ne veut pas et fait ce qui est mal : d'où vient cette nécessité? Ils le savent bien, les docteurs catholiques, qui comprennent celui qui parlait ainsi de lui-même, et qui ne doutent point que cela lui venait de cette loi des membres qui contredit la loi de l'esprit, et sans laquelle nul homme ne vient au monde. Aussi voient-ils des saints eux-mêmes s'écrier : « Je ne fais pas le bien que je veux, mais le mal que je ne veux pas » ; parce qu'ils voient combien il est parfait de ne point désirer dans sa chair ce qui est aversion à l'esprit, ce qu'on veut sans le faire; et qu'il y a un mal à conserver de tels désirs dans sa chair, quand même l'esprit n'y consentirait point; et qu'on fait ce qu'on ne veut pas , sans encourir néanmoins aucune condamnation, parce que le baptême ayant effacé en nous ce qu'il y a de coupable dans ce péché, l'esprit résiste pour ne point faire ce que convoite la chair. Et toutefois on ne saurait dire qu'il n'y a aucun mal pour eux, car ce n'est pas mue nature étrangère mêlée à la leur, mais c'est leur nature qui. est dans l'esprit et dans la chair. Tel est le sens pieux, le sens vrai que vous refusez d'admettre à l'encontre de vos rêves; comme si vous prétendiez qu'en face de ce tribunal où vous les défendez, on ne puisse, malgré vous, rien citer contre eux, soit des saintes lettres, soit des moeurs ou des gémissements des saints; et pourtant on peut le faire avec une telle évidence de vérité, que pour les défendre la parole même vous manquera et que votre seule impudence vous portera à vouloir les soutenir encore. Que faites-vous, en effet, que jeter sur l'évidence le nuage d'un obscur bavardage ? L'Apôtre vous crie : « Je ne fais pas le bien que je veux, mais le mal que je ne veux pas ». Il s'écrie aussi plus haut : « Ce n'est plus moi qui fais cela, mais le péché qui habite en moi ; car je sais que ce n'est pas le bien qui habite en moi, c'est-à-dire dans ma chair ». Que signifie : Je fais ce que je ne veux pas? et que veut dire encore Ce n'est pas moi qui le fais? Qu'est-ce à dire, sinon ce qu'il nous expose ensuite ? En disant Je fais ce que je ne veux pas, il montre qu'il le fait; et en disant : Ce n'est point moi qui fais cela, il montre que c'est sa chair qui le fait par ses convoitises, à l'encontre de son esprit: car la convoitise est un acte de la chair, quand même l'esprit y refuserait son assentiment. C'est pourquoi il ajoute : Je sais que le bien n'habite pas en moi, et afin de nous expliquer cette expression : en moi, il ajoute: dans ma chair.

Toutefois, que ces paroles ne soient pas de l'Apôtre, comme il vous plait de le dire, mais de tout homme gémissant sous le poids de ses habitudes qu'il ne saurait vaincre par sa volonté, ces habitudes ne sont-elles pas assez violentes pour mettre en pièces vos argumentations sur le possible et sur le nécessaire, comme on brise des jouets d'enfants? En dépit de vos prétentions, en effet, il y a non-seulement un volontaire et un possible dont nous sommes libres de nous abstenir, mais encore un péché nécessaire que nous ne sommes pas libres d'éviter, et qui est non. seulement péché, mais châtiment du péché. Vous ne voulez point voir que tout acte pro. duit sous la violence des habitudes (que les savants ont appelée une seconde nature) nous vient de cette tyrannie qui est le châtiment du péché du premier homme, péché si grand, le plus grand de tous, que sa convoitise devait inoculer à tous ceux qui étaient en lui à mesure que se multiplierait le genre humain: convoitise qui a forcé la pudicité chez les pécheurs à se couvrir les reins.

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Contre la seconde réponse de Julien

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