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Works Augustine of Hippo (354-430) Contra secundam Iuliani responsionem imperfectum Contre la seconde réponse de Julien
LIVRE SIXIÈME. LE SIXIÈME LIVRE DE JULIEN.

5.

Julien. En effet, le Manichéen croit, contrairement à nous, que la nature porte les mortels au vice et au crime : il croit que la matière corporelle et criminelle vient des corps; que la volupté sexuelle est une corruption pour le genre humain, protégeant les droits et forçant l'homme à toutes les hontes. Or le Traducien, son fidèle copiste, car il en est le fils et l'héritier, nous atteste, dans ses nombreuses prières, que les crimes sont naturels, que l'éternelle nécessité du mal vient d'un néant ténébreux, que la passion destinée aux sens a souillé tous les saints, et place l'image de Dieu dans le royaume du diable.

Augustin. Contrairement à la vérité catholique, et par une extravagance particulière, le Manichéen fait la nature du mal substantiellement coéternelle à Dieu qui est le bien; tandis que ta doctrine catholique professe que Dieu seul est éternel, sans aucun commencement, qu'il est non-seulement le bien, comme le dit le Manichéen, mais qu'il est immuable, ce qu'il ne dit point. Or ce Dieu souverainement bon, et dès lors immuable, dont nulle créature ne partage l'éternité, puisqu'elle n'est point ce qu'il est, et qu'elle ne serait pas si elle n'avait été faite, non de lui-même, et toutefois par lui-même, c'est-à-dire non de sa nature, mais par sa puissance, voilà ce que nous opposons aux folies manichéennes ; nous savons et nous prêchons que la nature a été faite, qu'elle n'aurait pu exister si une nature toute-puissante ne l'eût faite, sans néanmoins la faire d'elle-même, que c'est là un bien, mais inférieur à celui qui l'a fait. Car Dieu a fait bonnes toutes ses oeuvres, mais non souverainement bonnes, comme il est lui-même; or tous ces biens quelconques ne seraient point, si celui qui est souverainement bien ne les eût faites, et tous les biens sujets au changement ne seraient point, s'ils n'étaient l'œuvre de l'être immuablement bon. Et dès lors, quand les Manichéens nous demandent d'où vient le mal, eux qui veulent faire le mal coéternel à Dieu, et qui ne savent ce qu'est le mal, qui en font une nature, une substance, nous leur répondons que le mal ne vient point de Dieu, n'est point coéternel à Dieu ; que le mal vient de la libre volonté de la nature raisonnable, qui est l'œuvre bonne du véritable bien ; mais cette bonté est inférieure à la bonté de son Créateur, puisqu'elle est son oeuvre et non point sa nature : d'où lui vient le pouvoir de pécher, non la nécessité. Elle n'aurait point ce pouvoir, si elle était de la nature de Dieu, qui ne veut pouvoir et ne peut vouloir commettre le péché. Toutefois, dans cette possibilité de pécher, si cette nature raisonnable n'eût point péché, elle se fût acquis un grand mérite, et pour prix de ce mérite, une félicité supérieure l'eût mise dans l'impossibilité de pécher.

Mais à cette doctrine le Manichéen réplique en disant : Si le mal vient de la libre volonté de la nature raisonnable, quelle origine as. signer à ces maux sans nombre avec lesquels nous voyons naître ceux qui n'ont pas le libre usage de leur volonté? Où est l'origine de cette concupiscence qui soulève la chair contre l'esprit, et qui nous entraîne au péché, si l'es prit ne réagit contre elle avec plus de force? D'où vient chez l'homme un tel désaccord entre les deux substances dont il est formé? D'où cette loi des membres, contraire à la loi de l'esprit, et sans laquelle nul ne vient au monde? D'où viennent ces vices et si grands et si nombreux, tant de l'esprit que du corps, que la plupart des hommes apportent en naissant? D'où ces douleurs et ces misères chez des enfants qui ne pèchent point encore volontairement? D'où vient, quand arrive l'usage de la raison, une telle difficulté pour les mortels à se former aux lettres et aux arts, de sorte qu'à des efforts douloureux il faille ajouter la torture des paroles? A cela nous répondons que tous ces maux ont leur origine dans la volonté perverse de la nature humaine, dont le péché grave a porté le vice et la dam, nation dans toute sa lignée. D'où il suit que, dans cette nature humaine, tous les biens sont l'œuvre de Dieu, les maux l'oeuvre de son jugement: et ces maux, les Manichéens ne voient pas qu'ils ne sont nullement des natures ou des substances; mais qu'on les appelle maux naturels, parce que les hommes les tirent en naissant d'une racine en quelque sorte viciée à son origine. Mais vous, hérétiques nouveaux, qui êtes en contradiction avec nous, répondez alors aux Manichéens, dites-leur d'où viennent des maux si grands et si nombreux, et si vous niez que l'homme les apporte en naissant, où est votre pudeur? Si vous l'avouez, où est votre hérésie ? Mais affirmez que ces maux ne sont point des maux, et quand même nul n'aurait péché, entassez les peines, les douleurs, les déceptions, les gémissements, les larmes, les deuils, dans un paradis mensonger, mais qui est le vôtre. Si vous ne l'osez point, si vous craignez d'être exposés aux huées des enfants, et de paraître mériter les corrections de la férule, le Manichéen conclut contre vous que ces maux que vous ne voulez point attribuer au vice de la nature, viennent dan mélange du mal, et c'est ce mal qu'il appelle la nature coéternelle et contraire à Dieu. Et dès lors, tout en cherchant à vous éloigner des Manichéens, vous leur venez en aide.

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Contre la seconde réponse de Julien

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