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Works Augustine of Hippo (354-430) Contra secundam Iuliani responsionem imperfectum Contre la seconde réponse de Julien
LIVRE SIXIÈME. LE SIXIÈME LIVRE DE JULIEN.

34.

Julien. Jamais l'Apôtre n'aurait dit : « Si les morts ne ressuscitent pas, le Christ n'est pas non plus ressuscité », si on avait pu lui répondre : Oui, le Christ est ressuscité pour un motif tout spécial, c'est qu'il est né d'une vierge ; mais parce qu'ils sont nés d'un commerce diabolique, les hommes ne ressuscitent pas. Néanmoins, Paul aurait pu riposter ainsi : A quoi bon le Christ serait-il ressuscité, s'il n'avait pas voulu exciter nos espérances et nous donner l'exemple? Et, maintenant, quel poids auraient eu ses leçons et ses exemples, si sa nature, toute différente de la nôtre, nous ôtait par cela même l'espoir de régner avec lui et le pouvoir de l'imiter ? La foi de l'Apôtre est donc loin et bien loin de s'appuyer sur une pareille opinion. Rempli du même esprit que Pierre, il sait que le Christ est. mort pour nous, afin de nous donner l'exemple et afin que nous suivions ses traces[^6]. Et, parce qu'à ses yeux le mystère de la mort du Sauveur a eu lieu pour offrir à Dieu un sacrifice et nous donner un exemple, il n'hésite pas à déclarer, il se hâte même de nous enseigner que le Christ homme n'est allé en aucun endroit, où notre nature nous empêche d'aller à notre tour : « Si les morts ne ressuscitent point, Jésus-Christ n'est pas non plus ressuscité. Mais si le Christ est ressuscité d'entre les morts, comment y en a-t-il parmi vous pour dire que les morts ne ressuscitent pas? » C'est-à-dire : Si vous reconnaissez que le Christ, en tant qu'homme, a été de la même nature que nous, quel motif avez-vous de penser, ou bien que la résurrection a eu lieu pour lui, ou bien qu'elle n'aura pas lieu pour les autres? Ces conditions d'abord posées, Paul achève son raisonnement de manière à couper court à toute réplique : « Mais maintenant », dit-il, « le Christ est ressuscité d'entre les morts » ; les morts ressusciteront donc.

Augustin. Comme il yen avait pour supposer que la résurrection des morts n'aurait pas lieu tout en croyant néanmoins à la résurrection du Christ, l'Apôtre a dit précisément : « Si les morts ne ressuscitent pas, le Christ n'est pas non plus ressuscité ». Car sa résurrection a eu lieu afin que s'établît la foi en la future résurrection des morts. II est en effet naturel que les hommes ressuscitent dans leur chair, comme le Fils de Dieu fait homme est ressuscité dans la sienne; c'est pourquoi ceux qui niaient la résurrection future des morts étaient conséquents avec eux-mêmes, en soutenant que le Christ n'est pas ressuscité. Mais parce que ceux avec qui discutait Paul ne pouvaient révoquer en doute le fait de la résurrection du Christ, il leur fallait nécessairement se désabuser, ouvrir les yeux à la lumière et reconnaître que les autres hommes ressusciteront aussi. En effet, dès que, en raison d'une certaine différence entre le Christ et nous, les hommes croient avoir raison de nier la résurrection future des morts, tout en admettant celle du Seigneur Jésus, ils peuvent trouver et alléguer une foule de motifs à l'aide desquels ils pensent pouvoir défendre leur erreur. Car, supposez qu'on leur dise : « Si les morts ne ressuscitent pas, le Christ n'est pas non plus ressuscité », ne pourront-ils pas répondre en disant : Mais le Christ n'était pas seulement un homme, il était encore Dieu, et nul autre homme ne peut en dire autant de lui-même? En tant qu'homme il est né du Saint-Esprit et de la Vierge Marie, ce qui n'a eu lieu pour aucun autre. Il a eu le pouvoir de donner sa vie et celui de la reprendre[^7], ce que n'a eu aucun autre. Est-ce donc merveille qu'il ait pu ressusciter d'entre les morts, tandis qu'aucun autre ne le peut? S'ils tiennent ce langage parce qu'ils concèdent au seul Christ le privilège de la résurrection et le refusent à tout autre, sera-ce pour nous un motif de soutenir qu'il n'y avait pas, entre le Christ et les autres hommes, une différence tellement sensible et de chercher en cela à pouvoir dire que les autres morts ressusciteront, en vertu de leur ressemblance avec le Christ? Évidemment non. Nous ne nierons donc pas, nous avouerons même qu'entre le Christ et nous il existe une énorme différence, c'est que sa chair seule a été, non pas comme celle des autres hommes, une chair de péché, mais uniquement une ressemblance de cette chair de péché; nous soutiendrons en outre que, loin d'être un privilège à elle exclusivement réservé, la résurrection sera encore le partage des autres hommes; et, pour le prouver, nous dirons avec l'Apôtre : « Si les morts ne ressuscitent pas, le Christ n'est pas non a plus ressuscité » ; mais le Christ est ressuscité, donc les morts ressusciteront. L'origine de la chair du Christ se distingue éminemment de l'origine de notre chair; mais de là il ne suit nullement que l'une et l'autre ne soient pas terrestres et mortelles. Oui, la ressemblance de la chair de péché est différente de la chair de péché elle-même, et il est facile de les distinguer l'une de l'autre; mais il est sûr que le Christ n'a pas voulu établir par sa résurrection une autre différence entre lui et les hommes, puisqu'en mourant il s'était montré semblable à eux. C'est pourquoi nous ne devons point détruire, entre la ressemblance de la chair de péché et la chair de péché elle.-même, cette différence qui consiste en ce que l'une n'a jamais été sou mise à l'empire du péché, tandis que l'autre y a été soumise dès l'origine: nous n'y sommes nullement autorisés par ce fait que le Sauveur a détruit entre lui et nous toute différence pour la résurrection, comme il a détruit toute différence pour la mort. Quant à l'exemple dont tu veux établir la nécessité, sans que le besoin s'en fasse aucunement sentir, de quel poids peut-il être en cette affaire ? Imiter un exemple, c'est l'effet de la volonté; mais si l'exemple est bon, c'est a le Seigneur qui dispose la volonté » à le suivre[^1]. Ainsi s'exprime l'Écriture : Personne donc n'imite un autre sans le vouloir, mais qu'il le veuille ou ne le veuille pas, l'homme meurt et ressuscite. D'ailleurs, les exemples à imiter ne viennent pas toujours de personnes semblables, par leur nature, à celles qui doivent les suivre; autrement nous ne pourrions retracer en nous la justice et la piété des anges, puisque leur nature est différente de la nôtre; voilà, néanmoins, ce que nous demandons à Dieu dans notre prière, quand nous lui disons : « Que votre volonté soit faite sur la terre comme au ciel[^2] » . Tu l'as toi-même avoué[^3]. Il nous serait encore plus impossible d'imiter Dieu, notre Père; car sa nature est infiniment différente de la nôtre; et, pourtant, le Seigneur nous a dit : « Soyez comme votre Père qui est dans les cieux[^4] », et il nous a fait cette recommandation par la bouche de son Prophète : « Soyez saints, parce que je suis saint[^5] ». De ce que le Christ a paru en ce monde dans la ressemblance de la chair de péché, tandis que nous sommes dans la chair de péché elle-même, il ne suit donc nullement que nous soyons incapables de suivre l'exemple du Christ.

  1. I Pierre, II, 21.

  2. Jean, X, 18.

  3. Prov. VIII, selon les Septante.

  4. Matth. VI, 10.

  5. Ci-dessus, liv. II, ch. 52.

  6. Matth. V, 48.

  7. Lévit. XI, 44.

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Contre la seconde réponse de Julien

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