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Jul. Si donc, comme la raison le démontre, la liberté de détermination exclut toute espèce de nécessité, en sorte que personne n'est, soit bon, soit mauvais, s'il n'a la liberté d'être dans la condition opposée à celle où il est : comment as-tu osé confesser l'existence du libre arbitre, au moment même où tu allais citer un texte qui se rapporte à l'état de captivité, ou bien comment as-tu ajouté ce texte après avoir confessé le libre arbitre? Tu dis en effet : « Nous ne nions point le libre arbitre ; mais, si le Fils vous délivre, alors vous serez véritablement libres ». Il est manifeste que le Christ parlait en cet endroit de la conscience captive; il montrait que cette conscience ne jouit pas de la liberté ; mais qu'elle éprouve les effets de cette vengeance qui frappe les péchés commis par une volonté libre. Comprenant ruai celte pensée , c'est-à-dire, ne la comprenant pas du tout, ou peut-être la comprenant réellement dans le secret de ta conscience, mais lui faisant violence pour l'interpréter de cette manière, tu l'as citée en un endroit où elle se trouve en contradiction formelle avec tes propres paroles. Rapprochons en effet tes expressions et cette maxime : Ce qu'on délivre, est captif; ce qui est captif n'est pas libre; ce qui est libre n'est pas captif.
Aug. Autre chose est la rémission des péchés par rapport aux actions mauvaises qui ont été commises ; autre chose est la charité qui donne à l'homme la liberté de faire le bien. Le Christ délivre de l'une et de l'autre manière : il efface l'iniquité en accordant le pardon, et il donne la charité par l'Esprit qu'il répand.