Translation
Hide
Vie de Saint Martin
XIII.
--- Dans un bourg se trouvait un temple fort ancien, que Martin avait détruit, et il se disposait à abattre un pin qui en était proche, lorsque le prêtre de cet endroit et toute la foule des païens s'y opposèrent ; et ces mêmes hommes, qui, par la permission de Dieu, avaient laissé, sans y mettre obstacle, démolir leur temple, ne pouvaient souffrir qu'on abattît l'arbre. Martin faisait tous ses efforts pour leur faire comprendre que ce tronc d'arbre n'avait rien de sacré, qu'ils devaient plutôt adorer le Dieu qu'il servait lui-même, que cet arbre consacré au démon devait être abattu. Alors l'un deux, plus audacieux que les autres, lui dit : «. Si tu as quelque confiance dans le Dieu que tu sers, nous abattrons, nous-mêmes cet arbre ; consens à le laisser tomber sur toi, et si, comme tu le dis, tu es protégé par ton Dieu, tu : n'éprouveras aucun mal. »
Martin n'est nullement effrayé de cette proposition, et se confiant dans le Seigneur ; il promet de faire ce gnon demande ; toute : la foule des païens consent à cette condition, et se résigne à la perte de l'arbre, si sa chute doit écraser l'ennemi de leurs dieux. Le pin penchait tellement d'un côté, que personne ne doutait du lieu où il devait tomber. Martin fut attaché dans cet endroit, suivant la volonté des paysans : ceux -ci, transportés de joie, se mirent aussitôt à l'uvre. La foule stupéfaite se tient à une grande distance. Déjà le pin vacille, et son ébranlement annonce sa chute. De loin les moines pâlissent de crainte, et, consternés du péril imminent, ils ont déjà perdu tout espoir et toute confiance, et n'attendent plus que la mort de Martin. Mais celui-ci, se confiant dans le Seigneur, demeure ferme et exempt de toute crainte. Tout à coup le pin éclate avec fracas, tombe, et se précipite sur Martin, qui, élevant la main, lui oppose le signe du salut. Aussitôt, comme s'il eût été repoussé par un tourbillon impétueux, l'arbre se retourne et va tomber de l'autre côte, où il manque de renverser les paysans qui s'y croyaient fort en sûreté. Les païens, frappés de ce miracle, poussent de grands cris ; les moines pleurent de joie ; les louanges du Christ sont dans toutes les bouches. Ce jour-là fut assurément un jour de salut pour ce pays : car il n'y eut personne, dans cette immense multitude de païens, qui ne demandât aussitôt l'imposition des mains, et qui, abjurant les erreurs du paganisme, ne crût en Jésus-Christ. En effet, avant l'arrivée de Martin, presque personne ne connaissait le nom de Jésus-Christ dans ce pays. Mais ses vertus et ses exemples y ont été si puissants, que cette contrée est maintenant couverte d'églises et de monastères. À peine un temple païen est-il détruit, que sur son emplacement s'élève une église ou un couvent.
Edition
Hide
Vita Sancti Martini
13.
(1) Item, cum in uico quodam templum antiquissimum diruisset et arborem pinum, quae fano erat proxima, esset adgressus excidere, tum uero antistes loci illius ceteraque gentilium turba coepit obsistere. (2) Et cum idem illi, dum templum euertitur, imperante Domino quieuissent, succidi arborem non patiebantur. Ille eos sedulo commonere, nihil esse religionis in stipite: Deum potius, cui seruiret ipse, sequerentur: arborem illam succidi oportere, quia esset daemoni dedicata. (3) Tum unus ex illis qui erat audacior ceteris: si habes, inquit, aliquam de Deo tuo, quem dicis te colere, fiduciam, nosmet ipsi succidemus hanc arborem, tu ruentem excipe: et si tecum est tuus, ut dicis, Dominus, euades. (4) Tum ille intrepide confisus in Domino facturum se pollicetur. Hic uero ad istius modi condicionem omnis illa gentilium turba consensit, facilemque arboris suae habuere iacturam, si inimicum sacrorum suorum casu illius obruissent. (5) Itaque cum unam in partem pinus illa esset adclinis, ut non esset dubium, quam in partem succisa corrueret, eo loci uinctus statuitur pro arbitrio rusticorum, quo arborem esse casuram nemo dubitabat. (6) Succidere igitur ipsi suam pinum cum ingenti gaudio laetitiaque coeperunt. Aderat eminus turba mirantium. Iamque paulatim nutare pinus et ruinam suam casura minitari. (7) Pallebant eminus monachi et periculo iam propiore conterriti spem omnem fidem que perdiderant, solam Martini mortem expectantes. (8) At ille confisus in Domino intrepidus opperiens, cum iam fragorem sui pinus concidens edidisset, iam cadenti, iam super se ruenti, eleuata obuiam manu, signum salutis opponit. Tum uero – uelut turbinis modo retro actam putares – diuersam in partem ruit, adeo ut rusticos, qui tuto in loco steterant, paene prostrauerit. (9) Tum uero in caelum clamore sublato gentiles stupere miraculo, monachi flere prae gaudio, Christi nomen in commune ab omnibus praedicari: satisque constitit eo die salutem illi uenisse regioni. Nam nemo fere ex inmani illa multitudine gentilium fuit, qui non impositione manus desiderata Dominum Iesum, relicto impietatis errore, crediderit. Et uere ante Martinum pauci admodum, immo paene nulli in illis regionibus Christi nomen receperant: quod adeo uirtutibus illius exemploque conualuit, ut iam ibi nullus locus sit, qui non aut ecclesiis frequentissimis aut monasteriis sit repletus. Nam ubi fana destruxerat, statim ibi aut ecclesias aut monasteria construebat.