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Vita Sancti Martini
17.
(1) Eodem tempore Taetradii cuiusdam proconsularis uiri seruus daemonio correptus dolendo exitu cruciabatur. Rogatus ergo Martinus, ut ei manum inponeret, deduci eum ad se iubet: sed nequam spiritus nullo proferri modo de cellula, in qua erat, potuit: (2) ita in aduenientes rabidis dentibus saeuiebat. Tum Taetradius ad genua beati uiri aduoluitur, orans ut ad domum, in qua daemoniacus habebatur, ipse descenderet. (3) Tum uero Martinus negare se profani et gentilis domum adire posse: nam Taetradius eo tempore adhuc gentilitatis errore implicitus tenebatur. Spondet ergo se, si de puero daemon fuisset exactus, Christianum fore. (4) Ita Martinus inposita manu puero inmundum ab eo spiritum eiecit. Quo uiso Taetradius Dominum Iesum credidit: statimque catechumenus factus nec multo post baptizatus est, semperque Martinum salutis suae auctorem miro coluit affectu.
(5) Per idem tempus in eodem oppido ingressus patris familias cuiusdam domum, in limine ipso restitit dicens, horribile in atrio domus daemonium se uidere. Cui cum ut discederet imperaret et patrem familias, qui in interiore parte aedium morabatur, arripuisset, saeuire dentibus miser coepit, et obuios quosque laniare. Commota domus, familia turbata, populus in fugam uersus: Martinus se furenti obiecit, ac primum stare ei imperat. (6) Sed cum dentibus fremeret hiantique ore morsum minaretur, digitos ei Martinus in os intulit: si habes, inquit, aliquid potestatis, hos deuora. (7) Tum uero, ac si candens ferrum faucibus accepisset, longe reductis dentibus digitos beati uiri uitabat attingere: et cum fugere de obsesso corpore poenis et cruciatibus cogeretur nec tamen exire ei per os liceret, foeda relinquens uestigia fluxu uentris egestus est.
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Vie de Saint Martin
XVII.
--- À la même époque, Tétradius, personnage consulaire, avait un esclave possédé du démon, et qui allait faire une fin déplorable. On pria Martin de lui imposer les mains, et il se le fit amener. Mais on ne put faire sortir le possédé de la cellule, car il mordait cruellement ceux qui s'en approchaient. Alors Tétradius, se jetant aux pieds de Martin, le supplia de venir lui-même dans la maison où se trouvait le démoniaque ; mais il refusa, disant qu'il ne pouvait entrer dans la demeure d'un profane, et d'un païen. Tétradius était encore plongé dans les erreurs du paganisme ; mais il promit de se faire chrétien, si son serviteur était délivré du démon. C'est pourquoi Martin imposa les mains à l'esclave, et en chassa l'esprit immonde. À cette vue, Tétradius crut en Jésus-Christ. Il fut aussitôt fait catéchumène, baptisé peu de temps après, et depuis lors il eut toujours un respect affectueux pour Martin, l'auteur de son salut. Vers la même époque et dans la même ville, Martin, étant entré dans la maison d'un père de famille, s'arrêta sur le seuil, disant qu'il voyait un affreux démon dans le vestibule. Au moment où Martin lui commandait de sortir, il s'empara d'un esclave qui se trouvait dans l'intérieur de la maison ; ce malheureux se mit aussitôt à mordre et à déchirer tous ceux qui se présentaient à lui. Toute la maison est dans le trouble et l'effroi ; le peuple prend la fuite. Martin s'avance vers le furieux, et lui commande d'abord de s'arrêter ; mais il grinçait des dents, et, ouvrant la bouche, menaçait de le mordre ; Martin y met ses doigts : « Dévore-les, si tu en as le pouvoir, » lui dit-il. Alors le possédé, comme si on lui eut plongé un fer rouge dans la gorge, recula pour éviter de toucher les doigts du Saint. Enfin le diable, forcé par les souffrances et les tourments qu'il endurait de quitter le corps de l'esclave, et ne pouvant sortir par sa bouche, s'échappa par les voies inférieures, en laissant des traces dégoûtantes de son passage.