30.
L'ABBÉ SERENUS. Si nous croyons fermement ce que je viens de vous expliquer, si nous reconnaissons que Dieu fait tout et le fait pour le bien des âmes, non-seulement nous ne mépriserons pas ces personnes, mais encore nous prierons pour elles comme pour les membres de notre corps. Nous en aurons une tendre compassion, car «lorsqu'un membre souffre, tous les autres souffrent avec lui » (I Cor., XII, 26); sachant que, sans eux, notre corps ne peut devenir parfait, puisque les saints de l'Ancien Testament n'ont pu recevoir sans nous l'accomplissement de la promesse, selon cette parole de saint Paul : « Ils ont été éprouvés par le témoignage de la foi, et n'ont point reçu la récompense promise. Dieu nous préparait quelque chose de meilleur, et ne voulait pas qu'ils fussent heureux sans nous. » (Héb., XI, 39.) Pour ce qui est de la Communion, nous ne nous souvenons pas que nos anciens l'aient jamais refusée. Ils croyaient, au contraire, qu'ils devaient, s'il était possible, en approcher tous les jours.
Cette parole de l'Évangile que vous citez : « Ne donnez pas aux chiens ce qui est saint, » ne les regarde pas. Nous ne devons pas croire que la sainte Communion est ainsi donnée aux démons , mais qu'elle sert, au contraire à purifier , à protéger le corps et l'âme. C'est comme une flamme ardente qui chasse de celui qui la reçoit l'esprit impur qui possédait ses membres ou qui voulait s'en emparer. C'est ainsi que nous avons vu guérir le saint abbé Andronique et plusieurs autres. L'ennemi tourmenterait de plus en plus celui qu'il obsède, si l'on n'employait pas ce remède divin; et ses attaques seraient d'autant plus violentes et plus fréquentes qu'il l'en verrait plus longtemps privé.