• Home
  • Works
  • Introduction Guide Collaboration Sponsors / Collaborators Copyrights Contact Imprint
Bibliothek der Kirchenväter
Search
DE EN FR
Works John Cassian (360-435) Collationes patrum Conférences de Cassien sur la perfection religieuse
SEIZIÈME CONFÉRENCE DE CASSIEN AVEC L'ABBÉ JOSEPH : DE L'AMITIÉ

6.

Le premier fondement d'une véritable amitié est le mépris des biens du monde et de tout ce que nous possédons. Ne serait-ce pas une injustice, une impiété même, si, après avoir renoncé au monde et à ses vanités, nous ne préférions à quelque vil objet qui nous reste, l'affection si précieuse de nos frères? Il faut , secondement, sacrifier sa volonté, de peur que, s'estimant plus sage et plus éclairé, on n'aime mieux suivre son avis que celui des autres ; troisièmement, savoir préférer à la paix et à la charité ce qu'on croyait utile et nécessaire; quatrièmement, être persuadé qu'il n'y a aucun motif, juste ou injuste, de se mettre en colère; cinquièmement, s'efforcer d'apaiser la colère de son frère , même lorsqu'il l'a conçue contre nous sans sujet, en pensant que le trouble des autres peut nous nuire aussi à nous-mêmes, et qu'il faut le calmer comme s'il nous était personnel. Enfin le dernier moyen qui peut servir aussi pour vaincre tous les vices, c'est de croire qu'on peut mourir dans la journée. Cette pensée, non-seulement bannira toute aigreur de notre âme, mais encore elle éloignera tous les mouvements de la concupiscence et toutes les tentations.

Celui qui suivra ces règles ne pourra jamais ressentir ou causer les tristes effets de la colère et de la discorde. Mais dès qu'on ne les observe pas, l'ennemi de la charité répand dans le coeur des amis, les poisons secrets de la discorde. L'affection se refroidira peu à peu dans de fréquentes disputes, et la rupture deviendra enfin complète. Comment celui qui suit le chemin que nous avons tracé pourrait-il jamais être en différent avec son ami, puisqu'il a coupé la racine de toutes les querelles, en renonçant à ces petits riens qui les causent et à tout ce qu'il possède? Il pratique ce que les Actes des Apôtres rapportent de l'union des premiers fidèles : « La multitude de ceux qui croyaient n'avait qu'un coeur et qu'une âme. Aucun ne disait être à lui ce qu'il possédait; car tout était commun. » (Act., IV, 32.) Quel motif de se fâcher aurait celui qui renonce à sa volonté et qui se soumet à celle de son frère, en imitant ainsi son divin Maître, qui disait, en parlant de son humanité : « Je ne suis pas venu faire ma volonté,'mais la volonté de Celui qui m'a envoyé? » (S. Jean, V, 30.) Quelle contestation fera naître celui qui règle ses désirs sur ceux de son frère et qui s'en rapporte à ses décisions , en lui disant humblement, comme dans l'Évangile : « Cependant qu'il soit fait non pas comme je le veux, mais bien comme vous le voulez? » (S. Matth., XXVI, 39.) Comment peut-il le contrister, puisqu'il met la paix au-dessus de tous les biens et qu'il se rappelle cette parole : Le monde reconnaîtra que vous êtes mes disciples, si vous vous aimez les uns les autres? » (S. Jean, XIII, 35.) C'est à ce signe que le Christ a voulu qu'on reconnût ses brebis, comme au caractère qui les distingue le plus des autres.

Comment laisser subsister en soi ou dans le prochain la moindre aigreur, lorsqu'on sait que la colère, qui a de si tristes suites, n'est jamais permise, puisqu'on ne peut prier avant de l'avoir apaisée, non-seulement dans son coeur, mais dans celui de ses frères? car comment oublier ce précepte du Sauveur : « Si vous offrez votre présent devant l'autel, et si vous vous rappelez que votre frère a quelque chose contre vous, laissez votre présent devant l'autel, et allez d'abord vous réconcilier avec votre frère , et vous viendrez ensuite offrir votre présent? » (S. Matth., V, 23.) Il ne vous servirait de rien de dire que vous n'êtes pas en colère, et de croire que vous remplissez ce précepte : « Que le soleil ne se couche pas sur votre colère ; et celui qui est irrité contre son frère sera mis en jugement. »

si vous avez pu apaiser par votre douceur la peine de votre prochain, et si vous ne l'avez pas fait par la dureté de coeur; car vous serez également puni de cette violation de la loi de Dieu. Celui qui vous a dit que vous ne deviez pas vous mettre en colère contre votre prochain, vous a aussi commandé de ne pas mépriser celle de votre frère. Dieu veut que tous les hommes soient sauvés; qu'importe que ce soit vous ou un autre que vous perdiez? Il y a toujours une perte dont profite le démon, qui se réjouit de la ruine des âmes. Enfin comment peut-on conserver la moindre aigreur contre son frère, si l'on croit qu'on peut mourir tous les jours et à chaque instant?

pattern
  Print   Report an error
  • Show the text
  • Bibliographic Reference
  • Scans for this version
Download
  • docxDOCX (371.55 kB)
  • epubEPUB (361.63 kB)
  • pdfPDF (1.28 MB)
  • rtfRTF (1.18 MB)
Translations of this Work
Conférences de Cassien sur la perfection religieuse
Vierundzwanzig Unterredungen mit den Vätern (BKV) Compare
Commentaries for this Work
Avant-Propos des Conférences de Cassien sur la perfection religieuse
Einleitung: Vierundzwanzig Unterredungen mit den Vätern

Contents

Faculty of Theology, Patristics and History of the Early Church
Miséricorde, Av. Europe 20, CH 1700 Fribourg

© 2025 Gregor Emmenegger
Imprint
Privacy policy