5.
L'ABBÉ GERMAIN. Nous pensions retourner à notre monastère , heureux de vous avoir vu et riches de vos saints exemples. Nous espérions, après notre retour, profiter de vos enseignements. Notre affection pour nos supérieurs nous a fait prendre l'engagement de revenir, croyant qu'il nous serait facile de pratiquer près d'eux votre doctrine et d'imiter votre vie. Cette pensée, qui causait notre joie, nous accable maintenant de tristesse, parce que nous voyons que nous ne pouvons retirer ainsi de notre voyage le profit que nous en attendions. Des deux côtés nous sommes tourmentés. Si nous voulons tenir cette promesse que nous avons faite par attachement pour nos sup& rieurs, en présence de nos frères, dans la grotte où Notre-Seigneur a bien voulu naître du sein d'une vierge, nous nous exposons à nuire beaucoup à notre vie spirituelle. Si nous oublions notre promesse, et si nous nous décidons à rester près de vous dans l'intérêt de notre perfection, nous craignons de manquer à notre parole et d'être accusés de mensonge.
Si nous pouvions encore nous tirer d'embarras en retournant à notre monastère pour nous dégager de notre promesse et revenir ensuite ici promptement, nous tranquilliserions notre conscience, quoiqu'il soit toujours dangereux de différer en la moindre chose ce qui peut contribuer à notre perfection; mais ce voyage, que nous regretterions, ne nous rendrait pas notre liberté : ce ne serait pas seulement l'affection de nos supérieurs, mais leur autorité qui nous retiendrait, et il nous serait impossible d'obtenir la permission de revenir jamais dans cette solitude.