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L'ABBÉ MOYSE. La véritable discrétion ne s'acquiert jamais sans une humilité véritable, et la première preuve de cette. humilité, c'est de soumettre toutes nos actions et même toutes nos pensées à la sagesse des anciens , de renoncer à notre propre jugement, de suivre entièrement leur conseil et de distinguer le bien et le mal d'après leur doctrine. Cette règle apprendra, non-seulement, au jeune religieux à marcher dans la voie véritable de la discrétion, mais aussi à éviter toutes les ruses et tous les piéges de l'ennemi. Personne, en effet, ne pourra être trompé, s'il suit, non pas son propre jugement, mais l'exemple des anciens, et toute l'adresse de l'ennemi ne surprendra jamais la simplicité de celui qui ne sait pas cacher par une fausse honte les pensées qui naissent dans son coeur, mais qui les admet ou les repousse, en les soumettant à l'examen de ses supérieurs.
Une pensée mauvaise se dissipe, dès qu'elle est mise au jour, et avant même que la discrétion ait prononcé son jugement. Le serpent hideux qui se cachait dans l'ombre est éclairé par la vertu de la confession , et dès qu'il est découvert, il est vaincu et il prend la fuite. Ses suggestions ne peuvent nous nuire qu'en les cachant dans notre coeur. Pour vous faire mieux comprendre la vérité de ce que je vous dis, je vous citerai un fait que l'abbé Sérapion racontait souvent aux jeunes solitaires, pour les instruire.