8.
Il s'est élevé aussi, depuis quelque temps, une quatrième sorte de religieux, qui se parent du nom et de l'apparence des anachorètes. Ils avaient d'abord, dans leur première ferveur, cherché la perfection dans les monastères; mais comme ils se sont relâchés, ils renoncent à corriger leurs défauts et leurs habitudes, et ne veulent plus porter le joug de la patience et de l'humilité, en obéissant à un supérieur. Ils demandent des cellules séparées pour y vivre solitaires, afin de pouvoir, en s'isolant ainsi, passer pour être patients, doux et humbles aux yeux des hommes. Ce moyen ou plutôt ce relâchement qui les perd , ne leur permettra jamais d'atteindre la perfection; car au lieu de corriger leurs défauts, ils les augmentent. Personne ne les contredit, et le poison mortel qui se cache en eux y pénètre davantage , et leur cause une maladie incurable. Le respect qu'on a pour les solitaires, fait qu'on n'ose pas les reprendre de ces défauts qu'ils aiment mieux cacher que corriger. La vertu cependant ne s'acquiert pas en dissimulant les vices, mais en en triomphant.