16.
Pour discerner du bien relatif le bien essentiel, il faut considérer si ce bien est bien par lui-même ou par autre chose; s'il est toujours bien, sans jamais changer, sans perdre sa qualité pour en prendre une contraire; si on ne peut le négliger sans se causer un grand préjudice, et si ce qui lui est opposé est un mal absolu qui ne peut jamais devenir un bien. Tous ces caractères du bien essentiel ne peuvent aucunement convenir au jeûne. Car il n'est pas un bien par lui-même , et par conséquent nécessaire pour acquérir la pureté du coeur et du corps et unir l'âme à son créateur, en apaisant les révoltes de la chair. Il n'est pas un bien toujours immuable; car non-seulement nous pouvons l'interrompre quelquefois, sans nous nuire, mais encore il est dangereux pour l'âme si nous le pratiquons à contre-temps. Ce qui lui est contraire, n'est pas un mal essentiel, à moins que le plaisir naturel de prendre des aliments n'aille jusqu'à l'intempérance, à la luxure et aux vices qu'elle en-traîne; a car ce qui entre dans la bouche ne souille pas l'homme, mais plutôt ce qui en sort. » (S. Matth., XV,11.)
On manque à ce qui est essentiellement bon, on l'accomplit imparfaitement et d'une manière coupable, lorsqu'on le pratique non pour lui-même, mais pour une autre cause; car tout doit se rapporter à lui, et il ne doit être recherché que pour lui-même.