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Works John Cassian (360-435) Collationes patrum Conférences de Cassien sur la perfection religieuse
VINGT-UNIÈME CONFÉRENCE DE CASSIEN AVEC L'ABBÉ THÉONAS : DU JEUNE ET DU TEMPS PASCAL

33.

Celui donc qui est parvenu à la perfection de l'Évangile, s'élève ainsi, par le mérite de sa vertu, au-dessus de la loi. Il regarde comme petits et imparfaits tous les préceptes de Moïse, parce qu'il se sent obéir à la grâce du Sauveur, dont le secours seul lui a permis d'arriver à cet état supérieur, à cette dignité. Le péché, par conséquent, ne domine pas en lui, puisque la charité qui est répandue dans nos coeurs par le Saint-Esprit qui nous est donné (Rom., V), en bannit l'amour des choses de la terre. Il ne peut ni désirer ce qui est défendu, ni mépriser ce qui est commandé. Toute son étude, tous ses désirs sont toujours inspirés par l'amour de Dieu, tellement qu'au lieu d'être séduit par la jouissance des choses coupables, il n'use pas même des choses permises. La loi, par exemple, fixe les obligations du mariage ; mais quoiqu'elle impose la fidélité conjugale, il est difficile que la concupiscence reste dans les limites qui lui sont imposées; le feu qu'on alimente ne peut pas toujours être modéré, et l'usage du mariage finit quelquefois par rendre la volonté adultère. Mais ceux que la grâce du Sauveur enflamme de l'amour de la pureté, consument tellement les désirs de la chair dans les ardeurs de la charité, que la cendre chaude des passions n'altéré en rien leur chasteté. Les esclaves de la loi arrivent par les choses permises aux choses défendues, tandis que ceux qui suivent la grâce, les évitent en méprisant les choses permises. Comme le péché vit encore dans celui qui aime le mariage, il vit aussi dans celui qui se contente d'offrir à Dieu la dîme et les prémices. Car il tombera nécessairement dans quelque faute, par ses délais ou ses négligences, en ne donnant pas la qualité ou la quantité qu'il doit offrir chaque jour.

Malgré tout le soin qu'on apporte à distribuer la part qui revient aux pauvres, il est difficile de ne pas commettre souvent quelque infidélité; mais ceux qui n'ont pas méprisé le conseil du Seigneur, en donnant tous leurs biens aux pauvres, et qui suivent, en prenant la Croix, le Maître généreux de la grâce, ceux-là ne peuvent se tromper. Car en distribuant des richesses déjà consacrées à Jésus-Christ, et qui semblent ne plus leur appartenir, ils ne seront plus tentés de garder quelque chose pour leurs besoins, et aucune hésitation ne troublera la joie de leur aumône. Ils savent qu'ayant tout donné à Dieu, ils n'ont plus à s'inquiéter du lendemain, et que dans leur bienheureuse nudité, la Providence les nourrira avec plus de soin que les oiseaux du ciel. Celui, au contraire, qui conserve les biens du monde, et qui donne seulement la dîme et les prémices de ses récoltes, ou l'argent que l'ancienne loi lui clame, efface bien sous la rosée de l'aumône les souillures de ses péchés ; mais quelle que soit sa générosité, il est impossible qu'il s'affranchisse complètement de la domination du péché, à moins que la grâce du Sauveur ne le détache lui-même de ce qu'il donne.

Ce n'est pas non plus se délivrer du joug tyrannique du péché que de demander dents pour dents, et de poursuivre de sa haine son ennemi, comme on le faisait sous l'ancienne loi; car celui qui désire venger son injure par la peine du talion, et qui nourrit la haine dans son coeur, est toujours sous l'empire de la colère et de la fureur. Mais celui qui est éclairé de la grâce de l'Évangile, triomphe du mal, en n'y résistant pas. Il n'hésite pas, quand on le frappe à la joue droite, à présenter l'autre; et il donne volontairement son manteau à celui qui lui demande sa tunique. Il aime ses ennemis et il prie pour celui qui le calomnie. II a donc rejeté le joug du péché, il en a rompu les liens; car il ne vit plus sous la loi, qui ne détruit pas les racines du péché. L'Apôtre a dit « que la première loi avait été abolie à cause de son insuffisance et de son inutilité; car elle n'a conduit personne à la perfection. » Et le Seigneur a dit, par son Prophète : « Je leur ai donné des préceptes qui n'étaient pas bons , et des commandements dans lesquels ils ne pouvaient pas vivre. » (Ézéch., XX, 11.) La grâce, au contraire, ne retranche pas seulement les branches du mal, elle détruit encore jusqu'aux racines de la volonté mauvaise.

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Translations of this Work
Conférences de Cassien sur la perfection religieuse
Vierundzwanzig Unterredungen mit den Vätern (BKV) Compare
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Avant-Propos des Conférences de Cassien sur la perfection religieuse
Einleitung: Vierundzwanzig Unterredungen mit den Vätern

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