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Works John Cassian (360-435) Collationes patrum Conférences de Cassien sur la perfection religieuse
VINGT-DEUXIÈME CONFÉRENCE DE CASSIEN AVEC L'ABBÉ THÉONAS : DES SOUILLURES INVOLONTAIRES

3.

Nos anciens attribuent à trois causes ces souillures involontaires : elles viennent ou d'un excès de nourriture, ou d'un défaut de vigilance de l'esprit, ou d'une ruse de l'ennemi. Il est certain d'abord que la gourmandise excite en nous la concupiscence et que ces mouvements ne viennent pas de notre abstinence présente, mais de nos excès passés. Ce que nous avons donné de trop à notre corps agit à notre insu, lorsque nous sommes affaiblis par l'austérité des jeûnes. Aussi devons-nous non-seulement nous abstenir des aliments les plus succulents, mais nous contenter de la nourriture la plus ordinaire; et il faut même prendre garde d'user de pain et d'eau à satiété, afin de conserver la pureté du corps que nous aurons acquise, inaltérable comme celle de notre âme. Nous sommes cependant obligés de reconnaître que bien des personnes, sans prendre ces précautions, à cause de leur tempérament ou de leur âge, éprouvent plus rarement ou ne ressentent même pas ces fâcheux effets; mais il y a une grande différence entre la paix de celui qui n'a pas à combattre et le triomphe qu'on obtient par de glorieux efforts. La vertu de ceux qui surmontent tous les vices , tient du miracle , tandis que la sagesse de ceux que protége la faiblesse de leur tempérament est plutôt un repos qu'un mérite.

La seconde cause de ces accidents vient de l'âme, qui ne s'applique pas assez aux exercices spirituels capables de former en elle l'homme intérieur; elle s'accoutume ainsi à une certaine paresse qui l'empêche d'apercevoir les tentations des mauvaises pensées, et de désirer, comme elle le devrait, la parfaite pureté du coeur, s'imaginant qu'elle consiste seulement dans les austérités extérieures. Ce défaut de jugement et de vigilance fait que l'âme reste ouverte aux pensées dangereuses , et qu'elle conserve même les germes de toutes ses anciennes passions ; et tant qu'elles sont ainsi cachées dans les replis du coeur, elles peuvent, malgré les rigueurs du jeûne, troubler le sommeil par des songes voluptueux. Il y a donc là faute de l'âme au moins autant que cause naturelle, et nous devons l'éviter avec la grâce de Dieu, en veillant sur notre esprit comme sur notre corps. Il faut arrêter nos pensées dès le principe, pour qu'elles ne nous entraînent pas plus loin et ne produisent pas, pendant la nuit, des impressions fâcheuses.

Il y a enfin une troisième cause. Nous avons beau prendre tous les moyens de conserver la continence, et désirer acquérir, par la mortification de l'esprit et du corps, la pureté parfaite, plus nous faisons d'efforts , plus l'ennemi jaloux nous attaque pour troubler notre conscience, en nous humiliant par l'apparence du péché ; et il agit ainsi, surtout les jours où nous désirons être le plus agréables à Dieu. Il cherche, sans qu'il y ait consentement de notre part et même égarement de notre imagination, à souiller notre corps pour que nous n'osions pas approcher de la sainte Communion. Il tourmente souvent de la sorte ceux qui commencent et qui n'ont pas affaibli leur corps par de longs jeûnes, afin de les tromper et de les détourner des austérités de la pénitence, en leur persuadant que ses rigueurs seraient un obstacle plutôt qu'un moyen pour acquérir la pureté , puisque plus ils jeûnent, plus ils semblent s'en éloigner; ils pourront prendre en horreur et regarder comme une ennemie la pénitence, qui est, au contraire, la maîtresse et la nourrice de la pureté.

Nous ne devons pas combattre chaque vice pour le mal qu'il nous fait par lui-même, mais parce qu'il ne se contente pas de son empire et qu'il entraîne avec lui tout le cortége des autres vices, afin de multiplier nos chaînes. Il faut, par exemple, vaincre la gourmandise, non-seulement parce qu'elle nous corrompt en nous surchargeant de nourriture et en allumant en nous le feu de la concupiscence, mais encore parce qu'elle nous porte à la colère, à la fureur, à la tristesse , et qu'elle nous rend esclaves des autres passions. Car lorsqu'on nous donne nos aliments plus tard ou moins bien apprêtés, si nous sommes dominés par la gourmandise, nous éprouverons sur-le-champ des mouvements de colère; et si nous aimons les mets délicats, nous ne pourrons échapper à la passion de l'argent afin de nous procurer de somptueux festins. Cette passion est elle-même étroitement unie à la vaine gloire, à l'orgueil et à une foule de vices. Dès qu'un seul vice se fortifie en nous, il en développe une foule d'autres.

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Translations of this Work
Conférences de Cassien sur la perfection religieuse
Vierundzwanzig Unterredungen mit den Vätern (BKV) Compare
Commentaries for this Work
Avant-Propos des Conférences de Cassien sur la perfection religieuse
Einleitung: Vierundzwanzig Unterredungen mit den Vätern

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