8.
Ceux, au contraire, qui mettent toute leur joie et tout leur bonheur dans la contemplation des choses spirituelles et divines, s'ils en sont arrachés un instant par des pensées involontaires, se punissent de leurs distractions, comme d'une sorte de sacrilège. Ils pleurent d'avoir détourné leur regard du Créateur, pour l'arrêter sur de viles créatures, et ils se le reprochent, pour ainsi dire, comme une impiété. Et, quoiqu'ils soient toujours heureux de fixer les yeux de leur âme sur la splendeur de la gloire divine, ils ne peuvent supporter ces pensées de la terre, qui, comme des nuages fugitifs, obscurcissent la vraie lumière dont jouit leur âme.
L'apôtre saint Jean désirait mettre tous les fidèles dans cette disposition, lorsqu'il disait : « Mes chers enfants, n'aimez pas le monde et les choses qui sont dans le monde. Si quelqu'un aime le monde, la charité de Dieu n'est pas en lui, parce que tout ce qui est dans le monde est concupiscence de la chair, concupiscence des yeux et orgueil de la vie ; et ces choses ne viennent pas du Père, mais du monde, et le monde périra avec sa concupiscence. Celui, au contraire, qui fait la volonté de Dieu, demeure éternellement. » (S. Jean, II, 15.) Les saints méprisent donc tout ce que le monde aime ; mais il leur est impossible de ne pas s'y arrêter quelquefois un instant, car il n'y a que notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ qui ait été assez maître de son esprit pour s'occuper sans cesse de la contemplation divine et ne s'en jamais laisser distraire par la jouissance d'aucune chose du monde. L'Écriture a dit : « Les astres eux-mêmes ne sont pas purs en sa présence » (Job, XXV, 5) ; et encore : « Il ne se fie pas à ses saints et il trouve des défauts dans ses anges; » ou, selon une version meilleure : « Il n'y a personne d'immuable parmi ses saints, et les cieux ne sont pas purs en sa présence. » (Job, XV, 15.)