20.
Et, remarquez-le bien, cette jouissance de la charité et de l'hospitalité que vous procure quelquefois la visite de vos frères, ce repos qui semble nuisible et regrettable , est cependant utile et salutaire à votre âme comme à votre corps. Il arrive souvent, non-seulement aux faibles et aux commençants, mais encore à ceux qui ont le plus d'expérience et aux parfaits, si l'application de leur esprit et l'austérité de leur vie ne sont pas adoucies par ces petits changements, de tomber dans la tiédeur spirituelle, ou du moins dans une défaillance corporelle qui serait pernicieuse. Aussi les plus sages et les plus parfaits, lorsqu'ils reçoivent de nombreuses visites, non-seulement les supportent avec patience, mais en profitent même avec joie. Ces visites d'abord nous font désirer plus ardemment la paix de la solitude; ce qui semble nous arrêter dans notre course, nous conserve des forces pour la continuer, et si nous ne faisions pas ainsi de temps en temps quelques haltes, il nous serait impossible d'arriver, sans beaucoup nous fatiguer. De plus, lorsque les devoirs de l'hospitalité nous font accorder cet adoucissement à notre corps, cette petite interruption de notre jeûne nous est plus profitable que l'abstinence la plus rigoureuse. Je veux vous le faire comprendre par une comparaison fort ancienne, mais qui convient bien à notre sujet.