• Home
  • Works
  • Introduction Guide Collaboration Sponsors / Collaborators Copyrights Contact Imprint
Bibliothek der Kirchenväter
Search
DE EN FR
Works Lactantius (250-325) Divinae Institutiones

Translation Hide
Institutions Divines

XV.

Si l'on demande présentement comment Saturne et ses enfants n'étant que des hommes ont été honorés comme des dieux, il est facile de répondre à cela : que s'il est vrai, comme on le suppose, qu'avant Uranus et Saturne la royauté était inconnue aux hommes, qui n'étant encore qu'en petit nombre, vivaient à l'aventure et ne reconnaissaient d'autres lois que celles de l'instinct, qui seul gouvernait alors, il ne faut pas douter que les premiers qui reçurent de ces peuples grossiers le nom et le pouvoir de souverain, n'en reçussent en même temps des honneurs extraordinaires, jusqu'à être appelés dieux par leurs nouveaux sujets : soit pour quelque vertu apparente qui était en eux (n'étant pas difficile d'en imposer à des esprits si peu éclairés), soit que la flatterie commençât dès lors à corrompre les puissances par des louanges outrées, soit enfin que les sujets se fussent laissé corrompre eux-mêmes par les bienfaits de leurs souverains. D'ailleurs, considérant combien ils étaient redevables aux soins que leurs premiers rois avaient pris de les rassembler dans des villes, de les avoir civilisés, d'avoir changé leur vie toute brute et agreste en des mœurs polies et honnêtes, et ne les trouvant plus sur la terre, ils s'avisèrent, pour soulager leur douleur et réparer en quelque sorte leur perte, de les faire revivre dans leurs portraits; et poussant encore plus loin leur amour et leur reconnaissance, il se mirent à honorer leur mémoire d'un culte religieux ; peut-être aussi dans le dessein d'exciter par là leurs successeurs dans leurs États à devenir aussi les héritiers de leurs vertus. C'est ce que Cicéron exprime à peu près dans les mêmes termes: « C'a été, dit-il, en quelque façon un usage reçu de tout temps parmi les hommes, de mettre au nombre des dieux, du moins par les mouvements d'une volonté reconnaissante, ou à l'aide d'une réputation vertueuse, les grands personnages qui par leurs bienfaits ont su gagner le cœur des peuples. » C'est à ce charme des bienfaits qu'un Hercule, qu'un Castor, qu'un Pollux son frère, qu'un Esculape, que tant d'autres, doivent leur divinité. C'est ce qui a fait chez les Romains tant d'apothéoses, et tant de consécrations chez les peuples d'Afrique. Ainsi s'établirent peu à peu les diverses religions. Le culte passa des fils aux neveux, et des neveux à la postérité la plus éloignée.

Il y en avait qui par la grandeur de leurs exploits avaient rendu leur nom si célèbre, qu'ils étaient adorés comme dieux du premier ordre par toutes les nations du monde. Mais ceux dont les vertus moins éclatantes n'avaient eu pour témoins que leurs citoyens, et avaient été renfermées dans l'enceinte d'une ville, ou tout au plus dans les limites d'une province, étaient reconnus pour les dieux d'une province ou d'une ville, et quelquefois d'une nation tout entière. Telle fut Isis parmi les Égyptiens, le dieu Faune chez les Latins, et Quirinus dans Rome. C'est encore ce qui mit Athènes sous la protection de Minerve, Samos sous celle de Junon, et Paphos sous celle de Vénus; c'est ce qui établit le culte particulier de Vulcain à Lemnos, de Bacchus à Naxos et d'Apollon à Delphes. Ainsi, à mesure que cet esprit de reconnaissance se répandait avec la politesse sur la terre, le nombre des dieux augmentait dans le ciel. Mais ce qui contribua beaucoup à l'établissement de cette erreur fut la piété ou superstitieuse ou intéressée des successeurs de ces nouvelles divinités. Car s'imaginant qu'il leur serait glorieux d'avoir un dieu pour père ou pour aïeul, ils furent les premiers à mettre de ces dieux dans leur famille, et ils ordonnèrent ensuite aux peuples qui dépendaient d'eux d'adorer ces idoles de leur vanité. Virgile sera notre garant de ce que nous venons d'avancer. Lorsque après la mort d'Anchise, Énée son fils le mit au nombre des dieux, ce prince troyen dit à ceux qui l'accompagnaient :

Faite les effusions ordinaires devant Jupiter, et invoquez Anchise notre très honoré seigneur et père.

Mais il ne lui donne pas seulement l'immortalité, et il n'en fait pas un dieu oisif, et qui ne soit bon à rien ; pour lui attirer de la considération, il lui donne un pouvoir absolu sur les vents.1 Jupiter reçut les mêmes honneurs divins de quatre dieux subalternes,2 qui à leur tour se les firent rendre avec usure par les pauvres mortels.

Les poètes vinrent ensuite, qui, parmi les égarements de la poésie, mêlèrent des louanges excessives qui mettaient de plain-pied leurs héros dans le ciel. En cela, semblables à ces infâmes flatteurs qui ne rougissent point de donner un encens impur aux crimes des princes. Le mal vint d'abord du côté de la Grèce. Cette nation naturellement légère, et qui sait joindre à cette légèreté une grande facilité à parler et à écrire, fit élever, si j'ose m'exprimer ainsi, une infinité de nuages remplis de fictions et de mensonges qui obscurcirent la vérité. Ce fut donc les Grecs qui les premiers instituèrent des fêtes et des sacrifices à ces dieux de leur façon, et firent ensuite passer chez les autres peuples ce culte sacrilège. C'est cette institution vaine et ridicule qui anime contre eux le zèle de la sibylle et qui lui fait adresser à la Grèce ces paroles :

O aveugle Grèce, pourquoi mets-tu ta confiance dans tes princes ? Que te sert d'offrir à des morts insensibles et sourds tes présents et les vœux ? Apprends que les dieux auxquels tu sacrifies, ne sont que de vaines idoles. Qui t'a fait tomber dans une erreur si déplorable, que d'abandonner le vrai Dieu pour courir après des dieux imaginaires ?

Cicéron, qui n'est pas seulement un orateur parfait, mais encore un excellent philosophe, puisqu'il est le seul qui s'est conformé en toutes choses aux sentiments de Platon, Cicéron, dis-je, dans le discours qu'il a composé pour se consoler lui-même de la mort de sa fille, ne fait point de difficulté d'avouer que les dieux que Rome adorait n'avaient été que des hommes. Et ce témoignage est d'autant plus important, qu'il est rendu par un homme revêtu de la dignité d'augure, et qui confesse ingénument qu'il les adore avec le peuple. Et certes, en nous apprenant que, pour donner quelque soulagement à sa douleur, il a résolu de consacrer l’image de sa fille de la même manière que celles des premiers dieux furent consacrées, il nous apprend la mort de ces dieux, le motif de leur consécration, et l'origine du culte qu'on leur rend. « Lors donc, ajoute-t-il, que nous voyons cette multitude de dieux de l'un et de l'autre sexe, et que nous rencontrons à chaque pas, soit dans les villes, soit à la campagne, les temples que la religion leur a élevés, reconnaissons du moins que nous devons à leurs soins officieux, à leur prudence consommée, et à l'excellence de leur esprit, les sages lois qui nous gouvernent, et l'extrême politesse qui nous distingue des peuples barbares. Que s'il fut jamais quelque créature digne des honneurs divins, sans doute c'est l'admirable personne dont je pleure la perte; et si on les a accordés à la postérité de Cadmus, ou à celle d'Amphion et de Tindare, qui peut te les refuser, ô ma fille! Reçois-les donc de moi, et attends-les de toute la terre, après qu'avec la permission des dieux immortels, j'aurai consacré ta mémoire, et que je t'aurai donné parmi eux une place, que la bonté de ton cœur et les lumières divines de ton esprit t'ont si bien méritée. » Quelqu'un dira peut-être que l'excès de la douleur faisait écrire à Cicéron tant d'extravagances; mais si l'on considère que tout ce discours3 est rempli d'une doctrine sublime, d'exemples choisis, et de toutes les sortes d'ornements que fournit l'éloquence, on changera de sentiment, et on demeurera d'accord que ce n'est point l'ouvrage d'un esprit accablé de tristesse et que le chagrin affaiblit, mais d'un homme qui parle de sens rassis, et qui fait paraître partout une fermeté et une constance digne d'un grand philosophe. Et je ne saurais m'imaginer qu'il y ait pu mettre tant de variété, une abondance si fleurie, et des ornements si recherchés, si la raison, ses amis et le temps n'eussent adouci sa douleur, et n'eussent rendu son affliction moins vive et moins sensible.

Mais ce qui doit nous convaincre qu'il parle ici de sang-froid et avec réflexion, c'est que partout ailleurs il tient le même langage, dans ses livres de la République, dans celui de la Gloire, et particulièrement dans celui des Lois.

Car après avoir, à l'imitation de Platon, établi des lois pour une république bien policée, lorsqu'il vient à parler de la religion, voici ce qu'il en dit : « Qu'on honore les dieux, soit qu'ils soient originaires du ciel, soit qu'ils y aient été reçus pour leur vertu; tels que sont Hercule, Esculape, Quirinus, etc. » Et dans ses Tusculanes il avance hardiment que le genre humain remplit le ciel de toutes parts. « Si je voulais, dit-il, fouiller dans l'antiquité, et surtout dans les monuments que nous ont laissés les Grecs, il ne me serait pas difficile de montrer que les dieux des nations les plus anciennes ont eu même origine que nous, et ne sont montés au ciel qu'après avoir longtemps demeuré sur la terre. Combien la Grèce montre-t-elle de tombeaux qui ont été dressés à ces hommes divins? Ouvrez les livres sacrés, vous qui êtes initiés aux mystères, et vous connaîtrez que le ciel est redevable à la terre de presque tous ses dieux. » Il confirme encore la même chose par la bouche d'Atticus, avec cette différence que lorsqu'il parle d'Hercule, d'Esculape, de Castor, de Pollux, il soutient sans hésiter qu'ils ont été des hommes. Mais quand il vient à parler de Jupiter, d'Apollon, de Neptune, et des autres dieux qu'il appelle les dieux des nations, il ne propose son sentiment qu'en tremblant, et on voit bien qu'il craint de se commettre ou avec le peuple, ou avec les ministres de la religion. Mais enfin il nous fait assez entendre que Jupiter même et les dieux anciens doivent être compris dans cette notion générale qu'il nous donne de la manière dont s'est faite la consécration des autres. Et il est aisé de conclure de ce qu'il nous dit, que si les peuples ont fait leurs dieux par le même motif qu'il a eu de faire sa fille déesse, cette impiété trouverait peut-être quelque excuse dans la douleur, mais qu'il n'y en peut avoir pour la fausse prévention.

Et certainement il faut avoir perdu la raison pour croire que le ciel s'ouvre selon le bizarre caprice d'une multitude insensée afin de recevoir ceux qu'il lui plaît d'y faire monter, ou qu'un homme puisse conférer à un autre homme la divinité qu'il n'a pas. A qui, par exemple le dieu Jules4 est il redevable de la sienne, sinon au plus scélérat de tous les hommes, à un Antoine ? et le dieu Quirinus ne serait encore aujourd'hui que Romulus, si des bergers5 ne s'étaient avisés d'en faire un dieu Cependant l'un6 est le meurtrier de son frère et l'autre7 de sa patrie. Et si le hasard n'avait donné cette année-là le consulat à Marc Antoine, César, tout dieu qu'il est maintenant, aurait été privé des honneurs funèbres qu'on rend aux hommes,8 bien loin d'avoir reçu ceux qu'on ne défère qu'aux dieux.

Pour Romulus, ce fut la douleur que le peuple romain ressentit de sa perte qui lui fit ajouter foi à Julius Proculus, qui, gagné par les sénateurs, protesta avec serment que ce roi lui était apparu tout brillant de gloire, et qu'il lui avait ordonné de dire de sa part à ses chers Romains de lui bâtir un temple sous le nom de Quirinus. Ce rapport de Proculus mit Romulus dans le ciel, et déchargea le sénat du soupçon de sa mort.


  1. Poscamus ventos. (Virgile.) ↩

  2. Pan, Bacchus, Apollon et Mercure. ↩

  3. La pièce entière de la Consolation sur la mort de sa fille. ↩

  4. Jules César. ↩

  5. Il appelle ainsi les premiers Romains, qui en effet n'étaient qu'une troupe de bergers rassemblés par Romulus aux environs d'Albe, et dont il fit les premiers citoyens de cette superbe république. ↩

  6. Romulus tua Rémus son frère. ↩

  7. Jules César. ↩

  8. Lucius César voulut empêcher qu'on ne fît ses funérailles, et le consul Dolabella renversa une colonne sur laquelle on avait gravé son épitaphe. ↩

Translation Hide
The Divine Institutes

Chap. xv.--how they who were men obtained the name of gods.

Now, since it is evident from these things that they were men, it is not difficult to see in what manner they began to be called gods. 1 For if there were no kings before Saturn or Uranus, on account of the small number of men who lived a rustic life without any ruler, there is no doubt but in those times men began to exalt the king himself, and his whole family, with the highest praises and with new honours, so that they even called them gods; whether on account of their wonderful excellence, men as yet rude and simple really entertained this opinion, or, as is commonly the case, in flattery of present power, or on account of the benefits by which they were set in order and reduced to a civilized state. Afterwards the kings themselves, since they were beloved by those whose life they had civilized, after their death left regret of themselves. Therefore men formed images of them, that they might derive some consolation from the contemplation of their likenesses; and proceeding further through love of their worth, 2 they began to reverence the memory of the deceased, that they might appear to be grateful for their services, and might attract their successors to a desire of ruling well. And this Cicero teaches in his treatise on the Nature of the Gods, saying "But the life of men and common intercourse led to the exalting to heaven by fame and goodwill men who were distinguished by their benefits. On this account Hercules, on this Castor and Pollux, Aesculapius and Liber" were ranked with the gods. And in another passage: "And in most states it may be understood, that for the sake of exciting valour, or that the men most distinguished for bravery might more readily encounter danger on account of the state, their memory was consecrated with the honour paid to the immortal gods." It was doubtless on this account that the Romans consecrated their Caesars, and the Moors their kings. Thus by degrees religious honours began to be paid to them; while those who had known them, first instructed their own children and grandchildren, and afterwards all their posterity, in the practice of this rite. And yet these great kings, on account of the celebrity of their name, were honoured in all provinces.

But separate people privately honoured the founders of their nation or city with the highest veneration, whether they were men distinguished for bravery, or women admirable for chastity; as the Egyptians honoured Isis, the Moors Juba, the Macedonians Cabirus, the Carthaginians Uranus, the Latins Faunus, the Sabines Sancus, the Romans Quirinus. In the same manner truly Athens worshipped Minerva, Samos Juno, Paphos Venus, Lemnos Vulcan, Naxos Liber, and Delos Apollo. And thus various sacred rites have been undertaken among different peoples and countries, inasmuch as men desire to show gratitude to their princes, and cannot find out other honours which they may confer upon the dead. Moreover, the piety of their successors contributed in a great degree to the error; for, in order that they might appear to be born from a divine origin, they paid divine honours to their parents, and ordered that they should be paid by others. Can any one doubt in what way the honours paid to the gods were instituted, when he reads in Virgil the words of Aeneas giving commands to his friends: 3 --

"Now with full cups libation pour

To mighty Jove, whom all adore,

Invoke Anchises' blessed soul."

And he attributes to him not only immortality, but also power over the winds: 4 --

"Invoke the winds to speed our flight,

And pray that he we hold so dear

May take our offerings year by year,

Soon as our promised town we raise,

In temples sacred to his praise."

In truth, Liber and Pan, and Mercury and Apollo, acted in the same way respecting Jupiter, and afterwards their successors did the same respecting them. The poets also added their influence, and by means of poems composed to give pleasure, raised them to the heaven; as is the case with those who flatter kings, even though wicked, with false panegyrics. And this evil originated with the Greeks, whose levity being furnished 5 with the ability and copiousness of speech, excited in an incredible degree mists of falsehoods. And thus from admiration of them they first undertook their sacred rites, and handed them down to all nations. On account of this vanity the Sibyl thus rebukes them:--

"Why trustest thou, O Greece, to princely men?

Why to the dead dost offer empty gifts?

Thou offerest to idols; this error who suggested,

That thou shouldst leave the presence of the mighty God,

And make these offerings?"

Marcus Tullius, who was not only an accomplished orator, but also a philosopher, since he alone was an imitator of Plato, in that treatise in which he consoled himself concerning the death of his daughter, did not hesitate to say that those gods who were publicly worshipped were men. And this testimony of his ought to be esteemed the more weighty, because he held the priesthood of the augurs, and testifies that he worships and venerates the same gods. And thus within the compass of a few verses he has presented us with two facts. For while he declared his intention of consecrating the image of his daughter in the same manner in which they were consecrated by the ancients, he both taught that they were dead, and showed the origin of a vain superstition. "Since, in truth," he says, "we see many men and women among the number of the gods, and venerate their shrines, held in the greatest honour in cities and in the country, let us assent to the wisdom of those to whose talents and inventions we owe it that life is altogether adorned with laws and institutions, and established on a firm basis. And if any living being was worthy of being consecrated, assuredly it was this. If the offspring of Cadmus, or Amphitryon, or Tyndarus, was worthy of being extolled by fame to the heaven, the same honour ought undoubtedly to be appropriated to her. And this indeed I will do; and with the approbation of the gods, I will place you the best and most learned of all women in their assembly, and will consecrate you to the estimation of all men." Some one may perhaps say that Cicero raved through excessive grief. But, in truth, the whole of that speech, which was perfect both in learning and in its examples, and in the very style of expression, gave no indications of a distempered mind, but of constancy and judgment; and this very sentence exhibits no sign of grief. For I do not think that he could have written with such variety, and copiousness, and ornament, had not his grief been mitigated by reason itself, and the consolation of his friends and length of time. Why should I mention what he says in his books concerning the Republic, and also concerning glory? For in his treatise on the Laws, in which work, following the example of Plato, he wished to set forth those laws which he thought that a just and wise state would employ, he thus decreed concerning religion: 6 "Let them reverence the gods, both those who have always been regarded as gods of heaven, and those whose services to men have placed them in heaven: Hercules, Liber, Aesculapius, Castor, Pollux, and Quirinus." Also in his Tusculan Disputations, 7 when he said that heaven was almost entirely filled with the human race, he said: "If, indeed, I should attempt to investigate ancient accounts, and to extract from them those things which the writers of Greece have handed down, even those who are held in the highest rank as gods will be found to have gone from us into heaven. Inquire whose sepulchres are pointed out in Greece: remember, since you are initiated, what things are handed down in the mysteries; and then at length you will understand how widely this persuasion is spread." He appealed, as it is plain, to the conscience of Atticus, that it might be understood from the very mysteries that all those who are worshipped were men; and when he acknowledged this without hesitation in the case of Hercules, Liber,

Aesculapius, Castor and Pollux, he was afraid openly to make the same admission respecting Apollo and Jupiter their fathers, and likewise respecting Neptune, Vulcan, Mars, and Mercury, whom he termed the greater gods; and therefore he says that this opinion is widely spread, that we may understand the same concerning Jupiter and the other more ancient gods: for if the ancients consecrated their memory in the same manner in which he says that he will consecrate the image and the name of his daughter, those who mourn may be pardoned, but those who believe it cannot be pardoned. For who is so infatuated as to believe that heaven is opened to the dead at the consent and pleasure of a senseless multitude? Or that any one is able to give to another that which he himself does not possess? Among the Romans, Julius was made a god, because it pleased a guilty man, Antony; Quirinus was made a god, because it seemed good to the shepherds, though one of them was the murderer of his twin brother, the other the destroyer of his country. But if Antony had not been consul, in return for his services towards the state Caius Caesar would have been without the honour even of a dead man, and that, too, by the advice of his father-in-law Piso, and of his relative Lucius Caesar, who opposed the celebration of the funeral, and by the advice of Dolabella the consul, who overthrew the column in the forum, that is, his monuments, and purified the forum. For Ennius declares that Romulus was regretted by his people, since he represents the people as thus speaking, through grief for their lost king: "O Romulus, Romulus, say what a guardian of your country the gods produced you? You brought us forth within the regions of light. O father, O sire, O race, descended from the gods." On account of this regret they more readily believed Julius Proculus uttering falsehoods, who was suborned by the fathers to announce to the populace that he had seen the king in a form more majestic than that of a man; and that he had given command to the people that a temple should be built to his honour, that he was a god, and was called by the name of Quirinus. By which deed he at once persuaded the people that Romulus had gone to the gods, and freed the senate from the suspicion of having slain the king.


  1. [Vol. ii. cap. 28, [^18]p. 143, this series.] ↩

  2. Per amorem meriti. Some editions omit "meriti." ↩

  3. Aeneid, vii. 133. ↩

  4. Ibid., v. 59. ↩

  5. Instructa. [Vol. ii. cap. 18, [^19]p. 137, this series.] ↩

  6. [De Legibus, ii. cap. 8.] ↩

  7. [Liber i. capp. 12, 13.] ↩

  Print   Report an error
  • Show the text
  • Bibliographic Reference
  • Scans for this version
Translations of this Work
Institutions Divines
The Divine Institutes
Commentaries for this Work
Elucidations

Contents

Faculty of Theology, Patristics and History of the Early Church
Miséricorde, Av. Europe 20, CH 1700 Fribourg

© 2025 Gregor Emmenegger
Imprint
Privacy policy