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Works Lactantius (250-325) Divinae Institutiones Institutions Divines
LIVRE IV.

XV.

Après avoir parlé de la seconde naissance, par laquelle le Fils de Dieu s'est rendu visible aux hommes dans un corps mortel, parlons maintenant de ses actions merveilleuses, qui, bien qu'elles fussent des preuves de sa puissance divine, n'ont pas laissé d'être prises par les Juifs pour des effets de l'art magique. Dès sa jeunesse il fut baptisé par le prophète Jean, dans le fleuve du Jourdain, pour effacer, par une eau spirituelle, non ses propres péchés, car il n'en avait point, mais les péchés de la nature qu'il avait prise, et pour sauver les gentils par le baptême, comme il avait sauvé les Juifs par la circoncision. On entendit alors une voix du ciel qui disait : « Vous êtes mon fils, je vous ai aujourd'hui engendré. » Ce sont des paroles qui avaient été prédites auparavant par le prophète David. L'Esprit-Saint descendit à l'heure même sur lui en forme de colombe. Il commença aussitôt à faire des miracles, non par l'art magique qui n'a que des illusions, mais par la puissance divine, comme les prophètes l'avaient prédit. Le nombre décès miracles est si grand, qu'à peine un livre entier les pourrait-il contenir. Je me contenterai de les marquer en termes généraux, sans exprimer les circonstances des lieux ni des personnes, pour faire ensuite le récit de ses souffrances et de sa mort, sujet dont j'ai impatience de traiter. Apollon a appelé ses opérations prodigieuses, parce qu'en passant dans quelque lieu que ce fût, il guérissait en un moment et d'une seule parole toute sorte de maladies, si bien que des paralytiques qui avaient perdu l'usage de tous leurs membres le recouvraient en un moment, et remportaient les lits sur lesquels on les avait apportés eux-mêmes. Il rendait aux boiteux non seulement le pouvoir de marcher, mais aussi la force de courir ; il rendait la jouissance de la lumière à des yeux qui semblaient être condamnés à de perpétuelles ténèbres; il rendait la parole aux muets, l'ouïe aux sourds. Il purifiait ceux qui étaient tachés de la lèpre, et faisait toutes ces merveilles par sa seule parole, comme la sibylle l'avait marqué, quand elle avait dit que

pour chasser les maladies il ne se servait que de sa voix. Il ne faut pas s'étonner de ce qu'il faisait des merveilles par sa parole, puisqu'il était la parole de Dieu, soutenue par une force toute-puissante. Mais ce n'était pas assez qu'il eût rendu la force aux paralytiques et la santé aux malades, il fallait qu'il rendit encore la vie aux morts.

Quand les Juifs voyaient toutes ces merveilles, ils les attribuaient à la puissance du démon, bien qu'il y eût dans leurs livres des prophéties par lesquelles ces circonstances étaient marquées. Ils avaient ces livres-là entre les mains; ils les lisaient continuellement, et surtout ces paroles d'Isaïe : « Fortifiez les mains languissantes et soutenez les genoux tremblants. Dites à ceux qui ont le cœur abattu : Prenez courage, ne craignez point ; voici votre Dieu qui vient vous venger, et rendre aux hommes ce qu'ils méritent. Dieu viendra lui-même, et il vous sauvera : alors les yeux des aveugles verront le jour, et les oreilles des sourds seront ouvertes. Le boiteux bondira comme le cerf, et la langue des muets sera déliée, parce que des sources d'eau sortiront de terre dans le désert, et que des torrents couleront dans la solitude. » La sibylle a renfermé la même prédiction dans les paroles qui suivent :

Les morts sortiront du tombeau, les huileux marcheront d'un pas φerme et assuré, les sourds entendront la voix des autres hommes et entreront en conversation arec eux, lis aveugles verront le jour et la lumière, et les muets reprendront l'usage de la langue.

Comme le nombre et la grandeur de ses miracles attiraient autour de lui une foule incroyable de personnes qui imploraient son secours, il monta un jour sur une montagne à dessein d'y adorer, et, après y être demeuré trois jours durant lesquels le peuple qui l'avait suivi était pressé par la faim, il appela ses disciples et leur demanda quelles provisions et quelles vivres ils avaient. Quand ils lui eurent dit qu'ils n'avaient que cinq pains et deux poissons, il commanda qu'on les lui apportât et que l'on rangeât le peuple par troupes, dont chacune fut de cinquante personnes, et qu'on les fît asseoir. Pendant que ses disciples exécutaient ses ordres, il rompit les pains et les poissons par morceaux qui croissaient et se multipliaient entre les mains. Cinq mille hommes en furent rassasiés, et il se trouva encore des restes pour remplir douze corbeilles. Que peut-on faire et que peut-on jamais dire de si surprenant? La sibylle avait parlé de cette merveilleuse multiplication, quand elle avait dit

qu'avec cinq pains et deux poissons il apaiserait la faim dont cinq mille personnes seraient pressées dans le désert, et que les restes seraient encore si abondants, qu'ils rempliraient douze corbeilles, et suffiraient au besoin d'une nombreuse multitude.

Je voudrais bien que l'on me dit ce qu'aurait pu faire en cette occasion l'art magique dont on sait que tous les effets se terminent à tromper les sens et à éblouir les yeux? En se retirant un jour sur une montagne pour y faire la prière selon sa coutume, il commanda à ses disciples de prendre une barque et d'aller devant lui. Ils partirent sur le soir, et eurent le vent contraire. Comme ils étaient environ au milieu du détroit qu'ils voulaient traverser, il marcha à pied sur les eaux, et non de la manière que les poètes feignent qu'Orion marcha sur la mer, ayant une partie du corps caché sous les flots et l'autre dehors.

Il s'endormit ensuite dans le vaisseau ; et une tempête s'étant élevée durant son sommeil et ayant épouvanté ceux qui étaient avec lui, il s'éveilla, commanda aux vents et aux flots de s'apaiser, et rétablit le calme.

On dira peut-être que l'Écriture en impose, quand elle témoigne que la mer, les vents, les maladies, la mort et le tombeau obéissaient à sa voix. Mais que dira-t-on de ce que la sibylle a rendu le même témoignage à son avantage ? Celle dont nous avons ci-dessus parlé a prédit clairement

qu'il adresserait sa parole aux vents, et que les vents lui obéiraient et arrêteraient leur violence ; qu'il abaisserait l'orgueil des vagues, et qu'après les avoir rendues aussi unies qu'un marbre poli, il marcherait dessus avec les pieds de la foi. Une autre a assuré qu'il marcherait sur les eaux, qu'il rendrait la santé aux malades, la vie aux morts, et qu'il rassasierait ceux qui seraient pressés de la faim.

Quelques-uns ne sachant que répondre à des témoignages si formels, ont recours à une défaite, qui consiste à dire que ces vers-là n'ont pas été composés par les sibylles, mais qu'ils ont été faits à plaisir par quelques-uns de notre religion. Mais quiconque aura lu Cicéron, Varron et les autres anciens qui étaient morts avant que le Sauveur naquit, et qui ont parlé et de la sibylle Erythrée et des autres dont nous avons rapporté quelques passages, ne se persuadera jamais que ce soient des ouvrages supposés. Je ne doute pas néanmoins que ces poésies-là n'aient été prises pour des rêveries dans les premiers temps où personne ne les entendait. Elles ne contenaient que des miracles fort extraordinaires, sans marquer ni leur auteur, ni la manière, ni le temps auquel ils devaient être faits. Enfin, la sibylle Erythrée a prédit d'elle-même que plusieurs croiraient qu'elle avait perdu l'esprit, et qu'elle n'avançait que des impostures.

Je ne doute point, dit-elle, que ceux qui verront mes prédictions ne m'accusent d'avoir dessein d'en imposer et de triompher; mais ceux qui en verront l'accomplissement, reconnaîtront que j'ai reçu, par l'inspiration de Dieu, la connaissance des choses les plus secrètes.

Ce sont des mystères qui, après avoir été cachés durant plusieurs siècles, n'ont été enfin révélés qu'au temps de la vie et de la mort du Sauveur ; de même que les prédictions des prophètes; qui ont été lues par les Juifs l'espace de plus de quinze cents ans, n'ont pourtant été entendues que depuis que notre maitre les a expliquées par ses paroles et par ses actions. Il est vrai que les prophètes l'annonçaient; mais ce qu'ils disaient ne pouvait être entendu avant qu'il eût été accompli.

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