3.
Or ne pensez pas, ô Corinthiens, dit l'Apôtre, qu'il importe peu que les uns reçoivent la vérité que nous prêchons et que les autres la rejettent, que ceux-ci meurent d'une mort véritable et que ceux-là vivent de cette vie qui dit elle-même : « Je suis la vie; » car si nous n'avions pas annoncé l'Evangile, les incrédules n'auraient pas reçu la mort ni les fidèles la vie, parce qu'il n'est pas aisé de trouver un homme digne d'annoncer les merveilles de Jésus-Christ, et qui dans les fonctions de son ministre ne cherche point sa propre gloire, mais celle de celui qu'il prêche. Lorsque saint Paul dit qu'il ne ressemble pas a plusieurs qui font un trafic de la parole de Dieu, il fait voir qu'il y en a beaucoup « qui s'imaginent que la piété leur doit servir de moyen pour s'enrichir, » qui n'ont en vue dans tout ce qu'ils font qu'un honteux intérêt, et « qui dévorent les maisons des veuves ; » mais que pour lui il prêche l’Evangile « avec une entière sincérité, comme de la part de Dieu,» et en présence de celui qui fa envoyé ; ne prêchant qu'en Jésus-Christ et pour Jésus-Christ, et n'ayant en vue dans son ministère que de faire triompher Jésus-Christ et de procurer sa gloire.
Il faut observer ici que l'Apôtre nous marque à la fin de ce chapitre le mystère de la très sainte Trinité lorsqu'il dit : « Nous prêchons l'Evangile de la part de Dieu, dans le Saint-Esprit, en la présence de Dieu le Père, et au nom de Jésus-Christ. » Nous avons dit, que saint Paul alla de Troade en Macédoine : en voici la preuve tirée des Actes des apôtres: « Ayant passé la Mysie, ils descendirent à Troade, où Paul eut la nuit cette vision : un homme de Macédoine se présenta devant lui, et lui fit cette prière : « Passez en Macédoine, et venez nous secourir. » Aussitôt qu'il eut eu cette vision nous nous disposâmes à passer en Macédoine, ne doutant point que Dieu ne nous y appelât pour y prêcher l'Evangile. »