8.
Le septième habillement, quoique plus petit si l'on en considère l’étendue, était le plus saint et le plus auguste de tous. Soyez, je vous prie, attentive en cet endroit, afin de comprendre ce que je dirai. Les Hébreux l'appellent hosen, les Grecs logion, et nous le nommerons : rational, afin dé faire voir par son nom même qu'il était plein de mystère. C'était un morceau d'étoffe tissue des mêmes couleurs que celles qui étaient au manteau ou chasuble dont nous avons parlé, grand d'un pied en carré, et double afin qu'il ne rompît pas aisément. Douze pierres d'une grandeur et d'un prix extraordinaires y étaient enchâssées en quatre rangs. Une sardoine, une topase et une émeraude composaient le premier rang. Il est vrai qu'à l'égard de la dernière, Aquila est d'un autre sentiment, mettant une crysopase pour une émeraude. Une escarboucle, un saphir, un jaspe faisaient le second, une lisoire, une agate et une améthysthe le troisième, et une chrysolite, une sardoine et un beril le quatrième. Et je m'étonne que celle que nous nommons :hyacinthe, et qui est très précieuse, ne soit pas du nombre des douze, à moins qu'elle n'y soit au troisième rang sous le nom de lisoire; car quelque peine que j'aie prise à feuilleter les auteurs qui ont écrit sur les pierres précieuses, je n'en ai trouvé aucun qui en parlât. Les noms des douze tribus étaient gravés dans chacune de ces pierres, suivant leur ancienneté. Il y avait de ces pierres au diadème du roi de Tyr, et nous lisons dans l'Apocalypse que la céleste Jérusalem en était bâtie. La diversité de leurs noms et de leurs espèces nous marque la différence et le rang de chaque vertu. Outre cela, il y avait aux quatre coins du rational quatre anneaux d'or, auxquels répondaient quatre autres pareils gui étaient attachés aux chasubles ou, manteaux, afin que, quand on mettait le rational en la place vide qui lui était réservée dans le manteau, comme nous l'avons dit, ces anneaux se rencontrassent les uns les autres, et qu'on les liât ensemble avec des bandes de couleur de hyacinthe. Au reste ces pierres étaient arrêtées avec de l'or, de peur que si elles eussent été attachées avec autre chose elles ne se rompissent. Outre cela, afin que tout tînt avec plus de fermeté, il y avait encore des chaînons d'or couverts, pour l’embellissement de l'ouvrage, de tuyaux de même métal, des chaînons, dis-je, qui, partant de deux autres grands anneaux attachés au haut du rational, se venaient accrocher à deux agrafes d'or qui étaient au manteau. Outre ces deux grands anneaux attachés au haut du rational, on en voyait deux autres pareils en bas, où il y avait des chaînons tels que ceux que je viens. de marquer, venant se joindre à deux autres anneaux d'or qui tenaient chacun de leur côté au derrière du manteau, à l'endroit qui répondait à l'estomac; de sorte que le rational était si bien attaché au manteau et le manteau au rational, qu'il semblait qu'ils ne fussent que d'une pièce l'un et l'autre.
Le huitième enfin, nommé sis zaub, était une lame d'or sur quoi le nom de « Dieu » était écrit en quatre lettres, jod, he, van, he, qui composent le nom que les Hébreux appelaient: ineffable. Cette lame d'or, que les simples prêtres ne portaient pas, était posée sur le bonnet de lin, qu'ils avaient comme le grand prêtre, et elle était attachée sur son front avec un ruban de hyacinthe, afin que le nom de Dieu lui servit de protecteur, et couronnât pour ainsi dire la beauté de tous ses ornements.
Jusqu'ici nous avons vu les habillements qui étaient communs au souverain pontife et aux simples prêtres, et ceux qui n'étaient que pour l’usage particulier du premier. Mais si de simples vaisseaux de terre nous font naître tant de difficultés, quelle sera la grandeur du trésor et des mystères qui y sont renfermés ! Commençons donc, selon notre coutume, par dire ce que nous avons appris des Hébreux, et ensuite nous,en découvrirons le sens mystique.