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Works Jerome (347-420) Vies de plusieurs Saintes femmes de Rome
VIE DE SAINTE PAULA, VEUVE.

CHAPITRE VII. Excellente conduite de sainte Paula dans les monastères qu'elle établit.

Que dirai-je de l'ordre de son monastère et de quelle sorte elle tirait profit des vertus des saints? « Elle semait, » comme dit l'Apôtre, « des biens temporels pour en moissonner de spirituels ; elle donnait des choses terrestres pour en recevoir de célestes, et elle changeait des satisfactions de peu de durée contre des avantages qui dureront éternellement.»Après avoir bâti un monastère d'hommes dont elle donna la conduite à des hommes, elle divisa en trois autres monastères plusieurs vierges, tant nobles que de moyenne et de liasse condition, qu'elle avait rassemblées de diverses provinces, et elle les disposa de telle sorte due, quoique séparées pour le travail et les repas, elles n'en psalmodiaient pas moins et n'en priaient pas moins toutes ensemble. Après que l'alleluia, qui était le signal pour s'assembler, était chanté, il n'était permis à aucune de différer à venir ; mais la première ou l'une des premières qui se rendait au choeur attendait la venue des autres, les excitant ainsi à leur devoir non par la crainte, mais par la honte de ne les pas imiter. Elles chantaient à prime, tierce, sexte, none, vêpres et matines le Psautier par ordre. et toutes les sueurs étaient obligées de le savoir, et d'apprendre tous les jours quelque chose de l'Ecriture sainte. Le dimanche elles se rendaient toutes à l'église du côté qu'elles demeuraient , en trois troupes séparées dont chacune suivait sa supérieure particulière, et elles retournaient dans le même ordre. Elles travaillaient avec assiduité aux ouvrages qui leur étaient ordonnés, et faisaient des habits pour elles-mêmes et pour d'autres. Il n'était pas permis à celles d'entre elles qui avaient de la naissance d'amener de leur maison quelque compagne, de peur qu'en se ressouvenant de leurs anciennes habitudes elles ne renouvelassent par de fréquents entretiens la mémoire des petites libertés dont elles avaient usé en leur enfance. Elles étaient toutes vêtues d'une même sorte, et ne se servaient de linge que pour essuyer les mains. Leur séparation d'avec les hommes était si grande qu'il ne leur était pas seulement permis de voir les eunuques, afin d'ôter toute occasion de parler aux médisants, qui pour se consoler dans leurs péchés veulent trouver à redire aux actions des personnes les plus saintes. Lorsqu'il y en avait quelqu'une paresseuse à venir au choeur ou à travailler à son ouvrage, elle employait divers moyens pour la corriger; car si elle était colère elle usait de douceur et de caresses, et si elle était patiente elle la reprenait fortement, imitant en cela l'Apôtre lorsqu'il dit : « Voulez-vous que je vous reprenne avec sévérité ou avec un esprit de douceur et de condescendance? », Elle ne leur permettait d'avoir chose quelconque, sachant que saint Paul dit : « Pourvu que nous soyons nourris et vêtus nous devons être contents, » et de crainte qu'en s'accoutumant d'avoir davantage elles ne se portassent à l'avarice, que nulles richesses ne sont capables de contenter, qui devient d'autant plus insatiable qu'elle est plus riche, et qui ne diminue ni par l'abondance ni par l'indigence. Si quelques-unes contestaient ensemble elle les accordait par la douceur de ses paroles. Elle affaiblissait par des jeûnes fréquents et redoublés les corps de ces jeunes filles, qui étaient dans l'âge où ils avaient le plus de besoin de mortification, préférant la santé de leur esprit à celle de leur estomac. S'il y en avait quelqu'une trop curieuse de sa personne et de ses habits, elle la reprenait avec un visage triste et sévère, en lui disant que l'excessive propreté du corps et de l'habit était la saleté de l'âme, et qu'il ne devait jamais sortir de la bouche d'une fille la moindre parole libre, parce que c'est une marque du dérèglement de l'esprit, les défauts extérieurs témoignant quels sont les intérieurs. Si elle en remarquait quelqu'une qui aimât trop à parler, qui fût de mauvaise humeur, qui prit plaisir à faire des querelles entre les soeurs, et qui après en avoir été souvent reprise ne se voulût point corriger, elle lui faisait faire les prières hors le choeur avec les dernières des sueurs, et la faisait manger séparément hors du réfectoire, afin que la honte gagnât sur son esprit ce que les remontrances n'avaient pu faire. Mlle avait en horreur le larcin comme un sacrilège, et disait que ce qui passe pour une faute légère et pour une chose de néant entre les personnes du siècle est un très grand péché dans un monastère. Que dirai-je de sa charité et de son soin envers les malades; qu'elle soulageait par des assistances nonpareilles ? mais bien qu'elle leur donnât en abondance toutes les choses dont elles avaient besoin et leur fit même manger de la viande, s'il arrivait qu'elle tombât malade elle ne se traitait pas avec une pareille indulgence, et péchait seulement contre l'égalité en ce qu'elle était aussi sévère envers elle-même que pleine de douceur et de bonté envers les autres. Nulle de ces jeunes filles, quoique dans une pleine santé et dans la vigueur de l’âge, ne se portait à tant d'abstinences qu'elle en faisait, bien qu'elle fût fort délicate de son naturel, et qu'elle eût. le corps si affaibli d'austérités et déjà cassé de vieillesse. J'avoue qu'elle fut opiniâtre à vivre de la sorte, et qu'elle ne voulut jamais se rendre aux remontrances qu'on lui faisait sur ce sujet; sur quoi je veux rapporter une chose dont j'ai été témoin. Durant un été très chaud elle tomba malade au mois de juillet d'une fièvre fort violente , et lorsque, après avoir désespéré de sa vie, elle commença à sentir quelque soulagement, les médecins l'exhortant à boire un peu de vin , d'autant qu'ils le jugeaient nécessaire pour la fortifier et empêcher qu'en buvant de l'eau elle ne devint hydropique, et moi de mon côté avant prié en secret le bienheureux évêque Epiphane de le lui persuader, et même de l'y obliger, comme elle était très clairvoyante et avait l'esprit fort pénétrant, elle se douta aussitôt de ce que j'avais fait, et me dit en souriant que le discours que l'évêque lui avait tenu venait de moi. Lorsque ce saint évêque sortit après l'avoir longtemps exhortée, je lui demandai ce qu'il avait fait, et il me répondit : « J'ai si bien réussi en ce que je lui ai dit qu'elle a quasi persuadé à un homme de mon âge de ne point boire de vin ; » ce que je rapporte, non pour nous engager à nous charger inconsidérément d'un fardeau qui soit au-dessus de nos forces, sachant que l'Écriture nous dit : « Ne te charge point d'un fardeau plus pesant que tu ne saurais le porter, » mais afin de faire voir par cette persévérance la vigueur de son esprit et le désir qu'avait cette âme fidèle de s'unir à son Dieu, auquel elle disait souvent : « Mon âme et mon corps sont altérés de la soif de vous voir. »

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