14.
Cet auteur porte son impiété encore plus loin; car sur la fin de ce même livre il dit qu'il n'y a aucune différence entre les substances raisonnables, c'est-à-dire que le Père, le Fils, le Saint-Esprit, les anges, les puissances, les dominations, toutes les autres vertus célestes, et l'âme même de l'homme sont d'une même nature. « Dieu, dit-il, et son Fils unique, et le Saint-Esprit, les anges, les puissances et les autres vertus, et l’homme intérieur qui a été créé à l'image et à la ressemblance de Dieu, sont d'une nature intellectuelle et raisonnable : d'où l'on doit conclure que Dieu et toutes ces créatures sont en quelque façon d'une même substance. » De peur qu'on ne lui reproche un si horrible blasphème, il ajoute ces mots : «en quelque façon. » Cependant il fait part de la nature divine aux anges et aux hommes, tandis que dans un autre endroit il la refuse et au fils et au Saint-Esprit, de peur qu'on ne croie qu'il partage la divinité.
Cet ouvrage étant donc rempli de toutes les erreurs que je viens de vous indiquer, ne faut-il pas avoir perdu l'esprit pour se contenter d'en changer quelques endroits qui regardent le Fils et le Saint-Esprit, et qui sont de véritables blasphèmes; et pour publier le reste tel qu'il est , et le louer même d'une manière impie, comme si toutes ces erreurs ne venaient pas d'une source également empoisonnée? Ce n'est pas ici le lieu de combattre toutes ces impiétés. D'ailleurs il est à croire que ceux qui ont écrit entre les erreurs d'Arius, d'Eunomius, de Manès et de plusieurs autres hérétiques, n'auront pas manqué de réfuter aussi celles d'Origène. Si quelqu'un donc veut lire cet ouvrage et aller à la terre promise, qu'il mette ses souliers de peur que les serpents ne le mordent et que le scorpion ne le pique, et qu'il lise cette lettre avant de commencer sa route pour connaître ce qu'il doit éviter.