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Chapitre XXXIII.

Après ces événements, l'osdigan Afschin aiguisait encore en lui-même le poignard de la perfidie. Quelques parleurs dangereux, des perfides et des traîtres empoisonnèrent son cœur ; il commença par assiéger plusieurs villes qu'il prétendait lui appartenir ; il se mit en marche et se dirigea vers la ville de Tiflis ; de là il poussa sa route, envahissant tout le pays avec la rapidité d'un vent violent ; il s'avança alors vers la province de Schirag, séduit par son ancienne erreur et se fiant à un obscur devin, qui l'assurait qu'il pourrait tromper avec adresse le roi Sempad. En peu de temps ce dernier rassembla une armée. Mais malheureusement il fut contraint de se retirer vers les forts du pays de Daïk’h, dans les possessions de son ami Adernersèh, grand curopalate d'Ibérie. Toutefois après avoir reconnu qu'il ne pouvait tromper le roi, parce qu'il l'avait déjà tenté une, deux et trois fois, l'osdigan, voyant que ses efforts pour parvenir auprès de ce prince étaient encore une fois inutiles à cause de la prudence de Sempad et du dévouement de ses amis, se rendit dans la métropole Tovin ; là il employa tous ses efforts pour faire croire qu'il voulait conclure un traité d'amitié sincère. Il laissa donc en sa place son fils Tievtad et le grand chef des eunuques, tandis qu'il se retira promptement dans l'Azerbaïdjan.

La grande princesse femme d'Isaac, frère du roi, se hâta d'aller trouver l'osdigan, suivie de riches trésors d'or et d'argent, et accompagnée d'un cortège pompeux. Elle s'avança dans la plaine de Scharour ; et arrivée en présence d’Afschin, elle offrit à cet osdigan des dons et des présents considérables. Elle se lamentait, elle versait abondamment des larmes ; elle demandait son fils Sempad, qu'anciennement Afschin s'était fait remettre pour otage par le roi Sempad ; elle exposa à l’osdigan son affreux dénuement ; elle lui fit un tableau déchirant de ses afflictions ; enfin elle parvint à toucher et à fléchir le cœur d'Afschin par ses supplications. Beaucoup d'hommes, qui n'étaient pas méchants, profitèrent de cet instant favorable pour servir ses intérêts : l'osdigan accepta les présents que lui offrait la princesse et lui rendit son fils. Après avoir reçu ce don précieux, elle retourna dans son palais.

Cependant le roi Sempad sortit du pays de Daïk’h, et marcha à la rencontre du grand chef des eunuques, auprès du fort d'Ani, sur le bord du fleuve Akhouréan. Ils avaient en eux des dispositions amicales, Ils se plurent extrêmement, et le chef des eunuques, en voyant le roi, confessa qu'il n'avait jamais connu personne qui lui convînt mieux que ce prince. Depuis ce jour le chef des eunuques fut d'accord et en bonne intelligence avec le roi, et il reçut de lui une grande quantité de dons et de présents. Après cela, il se rendit dans la ville de Phaïdagaran. Le fils d'Afschin, Tievtad, resta dans la ville de Tovin ; le tribut accoutumé lui fut payé par le roi Sempad, moins cependant celui d'une année.

Le chef des eunuques se remit en marche pour aller trouver le roi ; il entreprenait ce voyage dans un esprit de perfidie et d'inconstance ; il était poussé par quelques pensées diaboliques qui le portaient à faire le mal. Comme un dévastateur barbare il marcha contre George (Géouergiéa), nahabied des Sévortiens (Siévouertik’hs) ; cette famille se nommait ainsi à cause de son oiseau qui était noir. Le chef des eunuques fondit inopinément sur George avec toutes ses troupes. Comme ce prince était un homme des plus vaillants, il s'arma pour combattre courageusement l'eunuque ; mais il ne put lui résister, celui-ci étant venu avec la plus grande rapidité. George fut pris avec son frère nommé Arouses ; on les amena prisonniers dans la ville de Phaïdagaran ; on leur fit subir beaucoup d'épreuves ; on les livra à la barbarie des bourreaux, qui les tourmentèrent pour les faire passer de la religion chrétienne à la religion impie de Mahomet. Ils résistèrent avec courage et ne se laissèrent pas persuader par les discours des persécuteurs ; ils ne voulurent point, en fléchissant, abandonner l'espoir du salut céleste, ni conserver une vie méprisable. En conséquence on les fit périr par l'épée, et leur nom fut écrit dans le livre de vie.

Quelque temps après, le chef des eunuques, effrayé et épouvanté par Afschin, prit avec lui Aschod, fils du roi, qui était en otage. Trouvant l'instant favorable, il amena aussi la femme de Mouschegh, frère d’Aschod, qui avait été prise dans la forteresse de Kars. Puis il alla promptement trouver le roi Sempad, et lui remit son fils et sa bru. Cette faveur divine transporta ce prince de joie.. Il prodigua les plus grandes marques d'amitié au chef des eunuques, parce qu'il avait délivré les captifs. Il le traita avec la plus grande générosité, lui fit libéralement de grands et magnifiques présents, et l'envoya du côté de la Syrie. Mais ce chef des eunuques étant allé vers l'Egypte, y fut arrêté et tué par l'ordre de l'amirabied.

Quand l'osdigan Afschin connut tous ces événements, il fut transporté de fureur comme une horrible bête féroce ; il s'emporta contre Sempad, qu'il accusait d'avoir été le conseiller et la cause de la coupable action de son eunuque ; il agitait son tonnerre ; il menaçait de répandre contre le roi le torrent de sa méchanceté. Il envoya peu après à ce prince un message dans lequel il exaltait l'étendue de sa puissance. Bientôt de vaillants cavaliers, avec de belles armes et de beaux ornements, se réunirent auprès de l’osdigan, ainsi qu'une grande quantité de soldats à pied. Dans le temps qu'il allait, qu'il venait, qu'il s'avançait, qu'il rassemblait de nombreuses troupes, et que déjà il se préparait à se mettre en marche avec elles et à répandre toute l'amertume du poison de son cœur sur le roi, une affreuse maladie de langueur s'empara de lui ; sa poitrine devint brûlante ; il sortait du pus de son sein désorganisé et de son ventre ; sa barbe tomba. Avant que son âme se fût séparée de son corps, il exhala une odeur de mort. Enfin, détruit entièrement, il descendit en enfer avec le plus grand désespoir. Une douleur et une tristesse profondes se répandirent sur ses troupes ; beaucoup de soldats périrent ; tous ceux qui survécurent se séparèrent, et s'en allèrent chacun dans son pays. Pendant ce temps, le roi Sempad et tous les prêtres de ses états adressaient à Dieu des prières mêlées de larmes ; ils demandaient avec instance au Seigneur des armées de prêter l'oreille à leurs supplications pour que le pied de l'arrogance d'Afschin ne vînt pas sur nous ; qu'il ne pût pas nous dominer, ni nous marquer de son sceau, ni avoir de joie dans sa vie ; qu'il fût écrasé par ses ennemis et que ses espérances fussent déçues.1

Jésus-Christ écouta avec bienveillance ces supplications ; il encouragea ceux qui étaient disposés au martyre pour lui ; il se montra favorable à tous les hommes qui étaient attachés à la vérité.

Quand Tievtad, fils d'Afschin, apprit la mort de son père, il partit secrètement pendant la nuit, et s'enfuit promptement vers la province de l’Azerbaïdjan.


  1. Saint-Martin (Mém. I, 355) rapporte qu’Afschin mourut en 901, d'une maladie contagieuse qui se répandit dans son armée et la désorganisa complètement. Il ajoute qu'Afschin fut remplacé, la même année, dans sa dignité de gouverneur de l'Azerbaïdjan par son frère Youssouf, fils d'Abou-Sadj. ↩

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