Edition
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De resurrectione carnis
XXV.
[1] Etiam in Apocalypsi Iohannis ordo temporum sternitur, quem martyrum quoque animae sub altari ultionem et iudicium flagitantes sustinere didicerunt, ut prius et orbis de pateris angelorum plagas suas ebibat, et prostituta illa civitas a decem regibus dignos exitus referat, et bestia antichristus cum suo pseudopropheta certamen ecclesiae inferat, [2] atque ita diabolo in abyssum interim religato primae resurrectionis praerogativa de soliis ordinetur, dehinc et igni dato universalis resurrectionis censura de libris iudicetur. [3] Cum igitur et status temporum ultimorum scripturae notent et totam Christianae spei frugem in exodio saeculi collocent, adparet aut tunc adimpleri totum quodcunque nobis a deo repromittitur, et vacat quod hic iam ab haereticis vindicatur, aut, si et agnitio sacramenti resurrectio est, salva utique illa creditur quae in ultimo praedicatur: [4] et sequitur ut eo ipso quod haec spiritalis vindicetur, illa corporalis praeiudicetur: quia, si nulla tunc adnuntiaretur, merito sola haec et tantummodo spiritalis vindicaretur: cum vero et in ultimum tempus edicitur corporalis agnoscitur, quia non et tunc spiritalis <adnuntiatur. [5] Cur enim iterum> adnuntiaretur resurrectio eiusdem condicionis, id est spiritalis, cum aut nunc eam deceret expungi sine ulla differentia temporum aut tunc sub omni clausula temporum? [6] Ita nobis magis competit etiam spiritalem defendere resurrectionem ab ingressu fidei qui plenitudinem eius agnoscimus in exitu saeculi.
Traduction
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De la résurrection de la chair
XXV.
L'Apocalypse de Jean déroule encore à nos yeux l'ordre de ces temps que « les âmes des martyrs attendent, en reposant sous l'autel, et en demandant au Seigneur de hâter ses justices et de venger leur sang. » Mais il faut auparavant que le monde boive ses propres plaies à la coupe des anges, que la grande prostituée reçoive de la main des dix rois une fin digne de ses forfaits, et que la bête ou l'Antéchrist porte la guerre avec son faux prophète dans le sein de l'Eglise de Dieu, afin que, Satan une fois confiné dans l'abîme, le décret de la première |473 résurrection parte du trône de Dieu, et qu'alors, sur les cendres de tous les éléments, s'ouvre pour la résurrection universelle le livre des sentences. Puisque les catastrophes des derniers temps sont consignées dans les Ecritures qui établissent à la fin des siècles la moisson tout entière de l'espérance chrétienne, il en résulte évidemment deux choses. D'abord, ou c'est seulement à cette époque que nous verrons s'accomplir tout ce qu'a promis le Seigneur, et alors la résurrection des hérétiques dans la vie présente devient inutile. Ou bien si la connaissance du mystère est une résurrection, elle ne préjudicie en rien à celle qui est annoncée pour la fin des temps. Il y a mieux. La résurrection spirituelle devient par là même un préjugé de la résurrection corporelle. En effet, si aucune n'avait été prédite pour la fin des temps, on pourrait à bon droit revendiquer la résurrection comme unique, et seulement spirituelle. Mais la résurrection étant annoncée pour la fin des temps, elle ne peut s'entendre que de la résurrection corporelle, parce qu'il n'y a pas de résurrection spirituelle annoncée pour cette époque. Pourquoi, en effet, annoncer deux fois une résurrection de même nature, c'est-à-dire spirituelle, puisqu'il lui conviendrait de s'accomplir, ou dès ce monde sans aucun intervalle de temps, ou alors vers la consommation dernière des siècles? Par conséquent, il nous appartient plutôt de défendre la résurrection spirituelle qui naît de l'introduction à la foi, nous qui attendons à la fin des siècles la plénitude de cette même résurrection.