9.
Si vous supposez que l'eau est répandue au-dessous de la terre, il vous faudra chercher comment un corps pesant et compact ne pénètre pas l'eau, comment avec une si grande pesanteur il est contenu par une nature plus faible. D'ailleurs autre embarras : quelle sera la base de l'eau? sur quel appui solide portera son dernier fond ? Si vous supposez un autre corps plus lourd et plus solide que la terre, qui la contienne et qui l'empêche de descendre, songez qu'il faut à ce corps un autre soutien qui l’empêche de s'affaisser lui-même. Si nous pouvons imaginer ce soutien, notre esprit en cherchera encore un autre pour ce dernier. Par là nous tomberons dans l'infini, en imaginant sans cesse de nouvelles bases et de nouveaux fondements pour soutenir ceux que nous aurons trouvés: et plus notre esprit imaginera, plus nous serons obligés d'introduire une puissance considérable pour résister à toutes les masses réunies. Ainsi mettez des bornes à votre imagination , de peur que si vous prétendez découvrir des vérités incompréhensibles, Job ne réprime votre curiosité, et ne vous fasse cette demande: Sur quoi ses bases sont-elles affermies (Job. 38. 6.)? Si vous lisez dans les psaumes : J’ai affermi ses colonnes ( Ps. 64. 4. ), croyez que le prophète entend par colonnes la puissance qui tient la terre en place. Quant à ces mots: Il l'a fondée sur les mers (Ps. 23. 2. ), que signifient-ils autre chose sinon que les eaux enveloppent de tous côtés la terre ? Comment donc l’eau qui est fluide par sa nature et qui se précipite, demeure-t-elle suspendue sans couler d'aucune part ? vous ne pensez pas que la terre, qui est suspendue sur elle-même quoique plus pesante , offre la même difficulté et une plus grande encore. Mais soit que nous convenions que la terre est appuyée sur elle-même, soit que nous disions qu'elle flotte sur les eaux, ne nous écartons par des sentiments religieux, mais avouons que tout est contenu par la puissance du Créateur. Nous devons nous dire à nous-mêmes et à ceux qui nous demandent sur quoi est appuyé ce lourd et immense fardeau de la terre: Les limites de la terre sont dans la main de Dieu (Ps. 94. 4.) C'est le parti le plus sûr pour régler notre esprit , et le plus utile à ceux qui nous écoutent.